Satellites : pollution et trafic en orbite
Après sa planète bleue, l’homme a entrepris de polluer l’espace avec des milliers d’engins gravitant autour du globe… Avec divers risques à la clé ! Ce mardi à 17h45 sur Arte, le magazine «Xenius» évoque ce problème.
Le spectacle est époustouflant ! Lentement, la fusée immaculée à deux étages s’arrache du pas de tir de Cap Canaveral dans un vacarme assourdissant. Le panache de fumée blanc qui l’entoure semble la pousser vers le ciel bleu de Floride. Depuis 1950, la base de lancement américaine a été le décor de bien des instants historiques de la conquête spatiale.
Ce 24 janvier 2019 à 10.00 du matin, elle y ajoute un chapitre. Conçu et fabriqué par SpaceX, l’entreprise spécialisée dans l’astronautique et le vol spatial du milliardaire Elon Musk, le lanceur Falcon 9 emporte à son bord 143 petits satellites. Un record. Le silence est revenu. Falcon 9 n’est plus qu’un point blanc sur fond azuré. Il libérera bientôt ses précieux passagers…
Tutti rikiki
Depuis le début du XXIe siècle, le «prêt à mettre en orbite» taille de plus en plus petit. Quelques chiffres. Selon le site «Un regard sur la terre.org», le poids moyen des satellites est de 840 kg. Le plus gros : 13 tonnes ! Côté poids plumes, les microsatellites tournent autour de 150 kg et les nanosatellites pèsent moins de 10 kg. L’agence spatiale canadienne signale encore le «CubeSat», ce «satellite cubique miniature de 10 cm de côtés (la taille d’un cube Rubik) pesant environ 1 kg». Fabriqué à la chaîne, il coûte moins cher. Vu son gabarit, il peut embarquer en nombre à bord d’un même lanceur, ce qui diminue les frais.
Maousse costo
«Un exemple d’innovation low cost», titre Science & Vie. Des fleurons de la miniaturisation aux utilisations très ciblées qui rendent un nombre impressionnant de services et «veillent sur la Terre» comme dit un rapport de l’Agence spatiale européenne. Étudier le champ magnétique terrestre et ses interactions avec l’environnement notamment. Mais pas que. Ils sont utiles dans des domaines comme l’astronomie et l’astrophysique, pour explorer Mars ou les astéroïdes…
Pour des usages plus terre à terre aussi : l’optimisation de méthodes agricoles, l’observation des zones naturelles, les télécommunications, la météo… Futura Sciences cite le cas d’une chaîne de supermarchés qui utilise les constellations de microsatellites (passant fréquemment au-dessus des mêmes zones) pour gérer le taux d’occupation de ses parkings ! Notons encore : les transports connectés, les «smart cities» et l’important marché des connexions Web à haut débit dans des régions qui en sont dépourvues.
Satellites par milliers
Pour réaliser ces prouesses, il y a du monde là-haut ! Depuis la mise sur orbite du premier satellite miniature, il y a vingt ans à peine, les lancements se sont multipliés. On parle désormais de grappe de plusieurs centaines de micro-engins. 1.325 des 2.786 satellites en activité répertoriés au 31 décembre dernier tournent dans une zone située entre 500 et 2.000 km d’altitude. Des scientifiques dénoncent les dangers potentiels de ce trafic intense en orbite basse.
Notamment les conséquences que pourraient avoir le projet «Starlink» de Musk, qui vise à rendre accessible au plus grand nombre le Net à haut débit. Il nécessite l’envoi de plusieurs milliers de satellites ! Éblouissants et formant des traînées lumineuses, ceux-ci gênent l’observation du ciel par les astronomes. Les risques de collisions augmentent aussi tout comme la quantité de déchets spatiaux et les accidents potentiels qu’ils représentent. Pour réduire ces effets néfastes, on compte sur… de futurs satellites nettoyeurs ! Car «Starlink» a de la concurrence : le projet «Kuiper» (de Jeff Besos, Mr. Amazon) et ses 3.236 satellites, ou «OneWeb» et ses 648 satellites d’ici 2022 !
Cet article est paru dans le Télépro du 10/6/2021
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