Saint-Saëns : un sérieux génie !
Compositeur virtuose, Camille Saint-Saëns (1835-1921) a porté haut l’étendard de la musique française partout dans le monde. Ce dimanche à 23h45, Arte consacre un documentaire intitulé «Le Carnaval des animaux, un conte musical» à son œuvre la plus connue.
Il laisse plus de six cents œuvres de tous genres musicaux ! Aujourd’hui, son nom est indissociable de sa célère «Danse macabre», son opéra «Samson et Dalila» et son fantasque «Carnaval des animaux» qui, au départ, ne devait être… qu’une farce entre amis. Ironie du sort : bien qu’il en interdise toute exécution publique de son vivant pour ne pas nuire à sa réputation, ce sera l’une des œuvres les plus jouées du compositeur, disparu à l’âge 86 ans, il y a tout juste un siècle.
Maestro !
Trois mois après sa naissance, le 8 octobre 1835, son père décède. Le petit Camille est alors élevé par sa mère et sa grand-tante qui, très vite, décèle en lui un don exceptionnel pour la musique et lui enseigne le piano. À 6 ans, l’enfant prodige joue déjà dans des salons réputés. À 10 ans seulement, il donne son premier concert avec orchestre, interprétant par cœur des concertos de Mozart et de Beethoven.
Trois ans plus tard, il entre au Conservatoire de Paris où il étudie l’orgue et la composition auprès de professeurs prestigieux tel Gounod («Faust» et son «Air des bijoux» si cher à la Castafiore, «Roméo et Juliette»…). Son génie suscite l’admiration de ses pairs comme Rossini, Verdi, Berlioz, Bizet et Franz Liszt. Ce dernier le pousse à terminer son projet d’opéra biblique «Samson et Dalila» – dont le succès sera immense ! – sans en avoir entendu une seule note. Parallèlement à ses créations, il enseigne le piano et compte parmi ses élèves… un certain Gabriel Fauré («Pavane», «Barcarolles»).
Patriotisme
En 1870, il part pour l’Angleterre et subjugue la reine Victoria par ses talents d’organiste. La guerre franco-prussienne qui sévit alors exacerbe ses ambitions patriotiques. C’est décidé ! De retour au pays, il fonde, en 1881, la Société nationale de musique (soutenue par Fauré). L’objectif ? Promouvoir les compositeurs français éclipsés par la musique germanique prédominante. En 1914, il écrira même une série d’articles intitulés «Germanophilie» pour y plaider le bannissement des auteurs allemands, y compris Wagner, qu’il admirait pourtant. Il devient ainsi, au fil du temps, un véritable ambassadeur de la musique française à l’étranger.
Du macabre… aux voyages
Mais, en 1878, un drame le frappe. Il perd ses deux fils à quelques mois d’intervalle. L’un chute d’une fenêtre, l’autre meurt de maladie. Il tient sa femme pour responsable. Il l’avait épousée à l’âge de 40 ans, elle en avait 19. Ils se séparent. Peu après, sa mère décède. Saint-Saëns n’a qu’une obsession : voyager. Pour oublier, enrichir son art, mais aussi par souci de santé (il est tuberculeux). En Russie, il rencontre Tchaïkovski avec lequel il improvise un ballet. L’Égypte et l’Algérie rayonnent dans sa musique. Partout, son succès est fulgurant.
En 1908, il est le premier compositeur de renom à écrire pour le cinéma, alors privé de voix. Il entame plusieurs tournées aux États-Unis, où on le tient pour le chef de file des compositeurs français. Mais nul n’est prophète en son pays… À la fin de sa vie, la nouvelle génération – dont Debussy – le range parmi les conservateurs bon teint. Trop sérieux ? Un comble pour celui qui avait toujours craint de passer pour un fantaisiste… Il tire sa révérence le 16 décembre 1921 à Alger, lors d’un dernier voyage.
À voir
Si ce dimanche soir, Arte explore la création du «Carnaval des animaux», dimanche 12 décembre, la chaîne poursuit son hommage au compositeur avec cette œuvre phare interprétée à 18.55, et le documentaire «Camille Saint-Saëns, l’insaisissable» à 23.55.
À lire et écouter
«Le Carnaval des animaux», livre + CD, raconté par Elodie Fondacci, 36 pages, 14,95 e (Gautier Languereau)
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