Saint Louis, le roi pieux

Jean de Joinville, le biographe de Saint Louis, a popularisé l’image d’un roi rendant la justice sous un chêne, dans son domaine de Vincennes © Corbis via Getty Images
Stéphanie Breuer Journaliste

Réforme de la justice, rayonnement culturel, croisades… Le roi de France Louis IX a marqué le XIIIe siècle de son empreinte.

Si le XVIIe siècle est sans nul doute celui de Louis XIV, le XIIIe siècle est, quant à lui, considéré à juste titre comme celui de Louis IX, plus connu sous le nom de Saint Louis. Roi de France très apprécié – même si aujourd’hui on lui reproche son attitude envers les Juifs -, ce monarque très pieux, mort loin de son royaume, fait l’objet d’un épisode de « Notre histoire de France » (mardi 22.00, France 2).

Petit-fils de l’illustre Philippe Auguste, le jeune Louis, né en 1214 à Poissy et éduqué dans la foi, hérite de la couronne capétienne à 12 ans à peine, à la mort de son père, Louis VIII « le Lion ». Sa mère, Blanche de Castille, assure la régence avec autorité jusqu’à sa majorité.

Sous son règne, le royaume capétien connaît un véritable essor culturel et intellectuel et voit la fondation de la Sorbonne. Saint Louis pose également les bases de la justice française. En effet, celui qui, selon l’image d’Épinal, est souvent représenté rendant la justice sous un chêne dans son domaine de Vincennes, interdit les duels et le « jugement de Dieu ». Surtout, il introduit la notion de présomption d’innocence, ordonne des enquêtes, des recherches de preuves et des auditions de témoins.

« Ange de la paix »

Même s’il a guerroyé très jeune, Saint Louis est aussi vu comme un artisan de la paix. En 1259, il signe, par le Traité de Paris, la paix avec le roi d’Angleterre Henri III Plantagenêt, mettant ainsi fin à la première guerre de Cent Ans. Plus tard, il joue même le rôle d’arbitre dans un conflit opposant le roi d’Angleterre aux barons anglais.

Mais la vie de Saint Louis est surtout marquée par sa foi. Tout au long de son règne, il fait preuve d’une grande piété – il sera d’ailleurs le premier laïc à être canonisé par le pape Boniface VIII en 1297. Sur l’île de la Cité, il fait construire la Sainte-Chapelle pour abriter les reliques du Christ (dont la couronne d’épines). « Dans sa vie privée, si l’on en croit les chroniques posthumes, il témoigne d’une austérité à toute épreuve, se restreint sur la bonne chère et le vin, soigne et lave les pauvres, ne craint pas de nourrir lui-même les lépreux… », écrit André Larané sur Herodote.net.« On est sûr par ailleurs que le Roi porte un cilice (vêtement de crin) à même la peau pour se mortifier et qu’il lui arrive de se faire fouetter le vendredi pour se punir de trop souvent rire ! » Revers de la médaille, sa part d’ombre est par contre de faire respecter la loi divine à tout prix, en chassant du royaume les Juifs, les infidèles et les hérétiques.

Mort à Carthage

Enfin, après en avoir fait le vœu lors d’une grave maladie, Saint Louis participe aux deux dernières croisades qui le tiennent éloigné de son royaume de nombreuses années. En 1248, l’époux de Marguerite de Provence (à qui il restera fidèle et qui lui donnera onze enfants) embarque pour l’Égypte, où il est fait prisonnier. Six ans après son départ pour la Terre sainte, il revient à Paris avec un sentiment d’échec, qui le poussera à partir à nouveau faire la huitième et dernière croisade en 1270. Il prend cette fois la direction de la Tunisie. Mais, touché par le typhus quelques mois plus tard, il s’éteint à Carthage le 25 août, à l’âge de 56 ans. Ramenés en France, ses ossements sont inhumés dans son tombeau de Saint-Denis, devenu très vite un lieu de pèlerinage.

Cet article est paru dans le Télépro du 10/10/2024

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici