
Sahara, eldorado ensablé
Jeudi à 21h05 avec le documentaire « Sahara vert, l’énigme du paradis perdu », France 5 s’intéresse à un sujet méconnu : l’époque durant laquelle le Sahara était…un paradis verdoyant !
On a bien du mal à l’imaginer tant le Sahara est l’un des déserts les plus emblématiques de la planète. Pourtant, ce qui est aujourd’hui la plus grande étendue de terre aride fut, un jour, un véritable eldorado peuplé d’animaux variés et de végétation tropicale. Comment est-on passé d’une luxuriante biodiversité au paysage incultivable que nous connaissons ?
Dessins témoins
Les premiers soupçons sur l’existence d’un Sahara à l’environnement bien différent apparaissent dès le milieu du XIXe siècle. En 1850, en mission dans l’ouest de la Libye, l’explorateur allemand Heinrich Barth découvre des pétroglyphes, soit des symboles et dessins gravés sur une surface rocheuse.
Pour Barth, ces petites œuvres rupestres, qui semblent représenter des animaux et des scènes de chasse, sont la preuve qu’une société ancienne évoluait dans ce désert, avant d’en être chassée par un climat devenu insupportable. Dès cet instant, il évoque la possibilité d’un Sahara autrefois vert et humide. Un siècle plus tard, l’explorateur et anthropologue français Henri Lhote découvre, en Algérie, de nombreuses peintures préhistoriques. Une fois de plus, ce que ces artistes d’antan ont immortalisé ne ressemble en rien à un désert : girafes, rhinocéros, lions et antilopes en sont les sujets principaux. L’analyse scientifique de ces témoignages du passé permet d’estimer leur âge, soit entre 5.000 et 11.000 ans.
Changement d’orbite
Plus tard, le Sahara donnera de nouvelles preuves indiscutables aux scientifiques. « La découverte d’ossements de poissons et d’autres animaux dans certaines zones désertiques actuelles confirme qu’il existait autrefois des rivières et des lacs », détaille Ça m’intéresse. L’époque sera baptisée période humide nord-africaine, ou Sahara vert, et cette nouvelle certitude entraînera une question essentielle : que s’est-il passé ? Principalement, un bouleversement climatique majeur, appelé cycle de Milankovitch ou précession, qui a favorisé l’asséchement rapide de la zone, il y a environ cinq mille ans.
Concrètement, le phénomène d’aridification du Sahara s’explique, en partie, par un changement d’orbite terrestre et d’inclinaison de la planète. « Lorsque l’axe de rotation de la Terre change lentement de direction, l’ensoleillement varie. Ainsi, avec une Terre orientée pour recevoir un maximum de soleil en été, en Afrique du Nord, la mousson locale devient plus importante et le Sahara verdit », indique Futura Sciences. « À l’inverse, lorsque l’orientation de l’axe de rotation de notre planète limite le flux solaire estival local, le climat devient plus sec et le Sahara redevient désertique. »
Adieu Sahara jaune ?
Au cours de leurs recherches entourant le Sahara vert, les scientifiques ont découvert que ce changement de décor se produisait tous les 21.000 ans en moyenne. Alors, à quand le retour du Sahara vert ? « Actuellement, nous sommes au cœur d’une période aride en accord avec les paramètres orbitaux, la dernière période humide étant survenue entre 11.000 et 5.000 ans », détaille Futura Science. « Mais le changement climatique pourrait bien entraîner un verdissage précoce du Sahara dans le futur. Si nos émissions de CO2 continuent d’augmenter au même rythme, les taux de ce gaz atteindront d’ici la fin du siècle ceux d’il y a 50 millions d’années. Les grandes quantités de CO2 dans l’atmosphère avaient alors entraîné la Terre dans une période climatique très chaude durant laquelle le Sahara était largement végétalisé. »
Cet article est paru dans le Télépro du 3/4/2025
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