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Rosa Bonheur, peintre star à l’honneur
Rosa Bonheur, artiste révolutionnaire du XIXe siècle, mondialement admirée, fut la première femme à recevoir la Légion d’honneur. Et à s’offrir un château avec ses propres deniers ! Ce dimanche à 21h30 sur La Trois, elle est à l’honneur dans «Hôtels et maisons de légende – Le château de Rosa Bonheur».
Méconnue du public – ses contemporains masculins se sont employés à faire oublier cette femme talentueuse et libre -, Marie-Rosalie Bonheur, née à Bordeaux en 1822 et élevée à Paris, initiée au pinceau par son père Raymond Bonheur, vécut de son art dès l’âge de 14 ans. Sa prédisposition sauva sa fratrie de la misère quand son père quitta le maison. Traumatisée par la perte paternelle, puis celle de sa mère, morte d’épuisement à la tâche, la jeune fille se fit le serment de s’assurer une totale indépendance.
Le rire des jupons
Rosa dédia ses tableaux aux animaux, persuadée qu’ils avaient une âme, comme les humains, et que l’on pouvait la voir dans leurs yeux. Afin de les observer, elle demanda à visiter abattoirs et foires aux bestiaux, milieux masculins peu enclins à l’accueillir, mais bien à lui faire des remarques grivoises sur ses jupons. L’indésirable contourna le problème en portant le pantalon – attitude passible d’une amende – et en décrochant une permission de « travestissement ».
Comme un homme…
L’anticonformiste charma les critiques de l’époque, reçut plusieurs médailles à chaque édition du Salon de Paris et prit en guise de compliment une réflexion misogyne : « Elle peint comme un homme ! » N’empêche, elle fut la première femme à acquérir une propriété grâce à son travail. Et s’installa, en 1860, au château de By, près de Fontainebleau, amenant dans cet écrin vert ses compagnons : chiens, chevaux, moutons, aigles, perroquets et lions.
Idole internationale
Ce domaine, elle le doit aux bénéfices de la vente de son huile sur toile « Le Marché aux chevaux », aujourd’hui exposée au Metropolitan Museum of Art de New York. Pas étonnant pour une peintre dont la renommée devint mondiale. Rose fut une star qu’anonymes et grands de ce monde rêvaient de rencontrer. L’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, lui décerna la Légion d’honneur en 1865 en déclarant : « Le génie n’a pas de sexe », tout comme d’autres pays désireux de l’honorer : ordre d’Isabelle la catholique (Espagne), ordre de Saint-Charles (Mexique) ou ordre de Léopold (Belgique).
Elle rencontra aussi William F. Cody, alias « Buffalo Bill », venu à Paris avec son show « Wild West » pour l’Exposition universelle de 1889. Et fit son portrait sur son fier cheval, Tucker. En remerciement, l’Américain lui offrit un costume authentique de Rocky Bear, chef de la tribu des Sioux Oglala.
Visites permises
On peut voir ce présent, des œuvres et objets du quotidien, le jardin d’hiver (à la structure signée Gustave Eiffel) et l’atelier de l’artiste, décédée en 1899 d’une pneumonie, en son château dépoussiéré, rafraîchi et gagnant du Loto du Patrimoine 2019. Il est aussi possible d’y loger, d’y dîner dans la vaisselle dépareillée de l’époque. Et de rencontrer l’actuelle propriétaire, Katherine Brault, enfant de la région, qui eut l’impression en arrivant dans le domaine que l’autoportrait de Rosa Bonheur lui disait : « Ah, vous voilà enfin ! »
Cet article est paru dans le Télépro du 6/2/2025
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