
Roland de Lassus, star issue de Mons
Courtisé à Rome, Londres et Munich, Roland de Lassus (1532-1594) fut le plus célèbre compositeur de la Renaissance. Né à Mons, il y revient chaque année pour le Doudou.
De Brueghel à Stromae, la Belgique est fière des artistes nés sur ses terres. Certains tombent pourtant dans l’oubli malgré leur immense succès… Comme Roland de Lassus. Au XVIe siècle, ce Montois était le plus célèbre musicien de toute l’Europe. Ce dimanche à 0h15, Arte le remet à l’honneur avec un documentaire : « Orlando di Lasso – Une vie de compositeur à la Renaissance ».
Une voix exceptionnelle
« En passant par la Lorraine avec mes sabots… » Tout le monde connait l’air de cette chanson populaire. Mais saviez-vous qu’il est signé Roland de Lassus ? Et ce n’est là qu’un petit échantillon de ses talents… L’homme nait à Mons en 1532. Très jeune, il rejoint les chœurs de l’église Saint-Nicolas. L’enfant est en effet réputé pour la pureté de sa voix. Une voix si exceptionnelle que par deux fois, le petit Roland échappe à un enlèvement. C’est une pratique courante à l’époque, certaines chapelles musicales étant prêtes à tout pour « recruter » les plus belles voix. Jamais deux sans trois… À 12 ans, le Montois est finalement enrôlé au service de Ferdinand de Gonzague, vice-roi de Sicile, jusqu’aux oreilles duquel sa réputation est parvenue. Son nom est alors italianisé : Roland de Lassus devient Orlando di Lasso.
La case prison
Orlando reste quelques années au service du souverain, probablement jusqu’à ce qu’il perde sa voix d’enfant. Il ne perd évidemment pas tout talent pour autant. Quelques années plus tard, on le retrouve à Rome : maître de chapelle à la basilique Saint-Jean de Latran. C’est un poste prestigieux, dont rêvent bien des musiciens. Roland de Lassus a tout juste 20 ans, mais il est très ambitieux. Ce qui lui vaudra d’ailleurs quelques ennuis… On lui propose de rencontrer la reine d’Angleterre, Marie Tudor. Flatté, Lassus tombe dans le guet-apens d’un intrigant : petit détour par la case prison…
De son vivant !
Fort heureusement, sa carrière n’en est pas affectée. Peu de temps après, ses premières compositions sont éditées simultanément à Anvers et à Venise. À l’époque, alors que l’invention de l’imprimerie est encore récente, on publie rarement du vivant des auteurs et des compositeurs. Si Lassus fait exception, c’est que son œuvre est déjà considérée comme exceptionnelle.
Magnificat et Doudou
En ces temps de Réforme et de Contre-Réforme, Roland de Lassus met sa musique au service de la foi catholique. Messes, litanies, magnificats… On lui doit près de 2.000 compositions religieuses. Mais à côté de la musique sacrée, il se consacre aussi à la musique profane. Avec un don tout particulier pour la polyphonie. Ses multiples talents lui valent d’être embauché par Albert le Magnifique, duc de Bavière, l’un des rares princes allemands à rester farouchement catholique. Lassus épousera la fille d’une dame d’honneur de la duchesse et restera au service de la cour de Munich jusqu’à son décès, en 1594.
Le divin Orlando
Sa renommée ne cessera de croître. Le poète Ronsard parle de lui en disant « le divin Orlando ». D’autres le surnomment « l’Orphée belge ». Chaque année en juin, Mons se souvient du prestigieux musicien lors du Doudou. Une septantaine d’enfants, les Petits Pages de Roland de Lassus, accompagnent la châsse de Sainte-Waudru lors de la procession du Car d’Or. Savent-ils que Lassus avait leur âge lorsqu’il fut arraché à son foyer en raison de son talent ?
Cet article est paru dans le Télépro du 24/4/2025
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici