Robinson Crusoé : l’histoire vraie derrière le récit

Contrairement à Robinson Crusoé, Alexander Selkirk n’avait pas de Vendredi pour lui tenir compagnie © Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

Mardi à 16h30, le duo « Rocky & Lily » (La Trois) s‘intéresse à l’histoire vraie derrière les aventures de Robinson Crusoé.

Lors de sa parution en 1719, le roman « Robinson Crusoé », signé de l’aventurier et écrivain anglais Daniel Defoe, connaît un succès phénoménal, à tel point que le nom Crusoé éclipsera celui de son créateur. Mais saviez-vous que Defoe s’était inspiré d’une histoire vraie ?

Seul au monde

Février 1709. Woodes Rogers, corsaire anglais, jette l’ancre dans la baie de l’île Más a Tierra, en plein cœur du Pacifique. À 600 kilomètres des côtes chiliennes, Rogers et son équipage estiment que le caillou est désert. Mais dès l’aube, ils sont réveillés par le cri strident d’un homme vêtu de peaux de chèvres qui semble rire et pleurer à la fois. « Il avait si bien oublié sa langue, faute d’usage, que nous pûmes à peine le comprendre », écrira plus tard le Capitaine Rogers. Cet homme, c’est Alexander Selkirk, unique locataire forcé de l’île depuis presque cinq ans. Comment ce fils de cordonnier écossais a-t-il bien pu échouer là ?

Tête de mule

1703. Alexander Selkirk, 27 ans, rejoint l’équipage du corsaire William Dampier qui l’assigne au poste de navigateur du voilier Cinque Ports, commandé par le capitaine Thomas Stradling. « Après un an de navigation à la conquête des mers du Sud, le butin est maigre, l’expédition tourne au désastre et les marins se mutinent », détaille le magazine GEO. Parmi les mécontents, l’un se fait plus entendre que les autres, c’est Selkirk. « En octobre 1704, lors d’une relâche, le Cinque Ports mouille près de Más à Tierra. Stradling veut repartir aussitôt, mais Selkirk s’y oppose : le bateau fuit de toute part » relate Le Parisien. « Devant l’entêtement de son commandant, le maître d’équipage demande à être débarqué, avec l’espoir de prendre plus tard un autre bateau. Trop content de se débarrasser du rebelle, Stradling lui donne son bon de sortie ainsi qu’un maigre kit de survie. »

Sainte Chèvre

Durant les huit premiers mois, Selkirk ne quitte pas la plage, scrutant constamment l’horizon et se nourrissant uniquement de crustacés. Le suicide lui traverse l’esprit. Mais la saison d’accouplement des lions de mer arrive, rendant la plage hostile pour le naufragé qui se réfugie à l’intérieur des terres. Il y découvre une clairière, une plus grande variété de nourriture et surtout des chèvres, qui lui permettront de mieux se nourrir et de s’habiller plus chaudement. Après quatre ans et quatre mois, contre 28 ans, deux mois et 19 jours pour son homologue littéraire, Alexander Selkirk est donc délivré par l’équipage de Woodes Rogers. « Petit à petit, Selkirk réintègrera le monde des humains » poursuit GEO. « Sa mésaventure ne l’empêche pas de reprendre du service. Il meurt en 1721, probablement de la fièvre jaune, au large des côtes africaines. »

Le saviez-vous ?

Le journaliste Richard Steele relate l’histoire d’Alexander Selkirk dès 1713.
Daniel Defoe ne dira jamais explicitement s’être inspiré de Selkirk pour écrire Robinson Crusoé.
En 1966, le gouvernement chilien rebaptise l’île où Selkirk est resté seul durant plus de quatre ans, l’île… Robinson Crusoé. En face, l’île Más Afuera, où il n’a jamais mis les pieds, porte le nom d’Alejandro Selkirk.

Cet article est paru dans le Télépro du 23/1/2025

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