Rimbaud, jeune poète maudit
Avec son style engagé, Arthur Rimbaud est considéré comme une figure emblématique de la littérature française. Son portrait sera diffusé dans «Le Doc Stupéfiant» mercredi à 20h50 sur France 5.
À Charleville, le 20 octobre 1854, naît Arthur Rimbaud, futur prodige de la poésie. Cadet d’une fratrie de cinq enfants, il est éduqué par sa mère dite autoritaire. Son père, capitaine d’infanterie, décède en 1878. Dès son plus jeune âge, Arthur excelle en littérature et s’intéresse au latin. Un excellent élève donc, qui attire tous les regards. Son principal dit même de lui : «Rien d’ordinaire ne germe dans cette tête, ce sera le génie du Mal ou celui du Bien.»
Précocité de son génie
Légende de la langue française, Arthur Rimbaud publie ses premiers vers en janvier 1870, alors âgé de 15 ans. Son style s’inspire du mouvement parnassien. Il proclame même «devenir Parnassien ou rien». La rencontre déterminante de sa vie de poète est celle de Georges Izambard, son professeur de rhétorique, de nature anticonformisme, qui lui conseille des ouvrages de Baudelaire, Hugo, Musset, etc. Rétif à toutes formes d’autorité, l’adolescent fugue à de multiples reprises et se fait une place dans les milieux littéraires et artistiques parisiens. Il y fait de nombreuses rencontres comme celle de Paul Verlaine, avec qui il entretient une relation passionnelle pendant plus d’un an.
Idylle
À 17 ans, Arthur souhaite en effet quitter ses Ardennes natales et s’installer à Paris. C’est par le biais de Charles Auguste Bretagne que le poète correspond avec Paul Verlaine, de dix ans son aîné. Ce dernier est séduit par les textes du jeune prodige et l’invite à le rejoindre à Paris. Verlaine, marié et père d’un petit garçon, s’éprend de Rimbaud. À partir de 1871, ils développent une relation fusionnelle, s’inspirant chacun de la créativité de l’autre. Ils écrivent ensemble et fréquentent les mêmes cercles littéraires. En juillet 1872, Rimbaud invite son aimé à quitter sa famille pour s’enfuir avec lui à Londres, où ils vivent pleinement leur homosexualité qui fait scandale à Paris. Leur relation traverse des hauts et des bas. Verlaine décide de retrouver sa femme et son fils. L’écrivain traverse la Manche et s’installe à Bruxelles. Il a dans l’optique de récupérer sa femme, sous peine de se suicider. Entre-temps, Rimbaud le rejoint et lui annonce qu’il veut le quitter. Ivre, il lui tire dessus. Verlaine écope de deux ans de prison, une peine aggravée par son passé d’homosexuel et de communard. Une fois rétabli, Rimbaud repart en France. À son retour, il écrit le recueil «Une saison en enfer», retraçant cette période chaotique de sa vie.
Renoncement
Après ces expériences désastreuses, Rimbaud se détache de la poésie. Il voyage en Allemagne et en Italie. Au cours de son existence, il s’initie à diverses langues : l’italien, l’allemand, le grec, le russe et l’arabe. Continuant son périple vers les Indes néerlandaises, il retourne, entre deux destinations, dans sa ferme natale et à Paris. En décembre 1875, le poète perd sa sœur. Verlaine demande de ses nouvelles par le biais d’Ernest Delahaye. Ce dernier confirme que Rimbaud a renoncé à la littérature. «Des vers de lui ? Il y a beau temps que sa verve est à plat. Je crois même qu’il ne se souvient plus du tout d’en avoir fait», explique-t-il dans une lettre. Quelques années plus tard, Arthur Rimbaud traverse terres et mers. Il s’arrête en Égypte, puis à Chypre, et s’installe plus de dix ans en Éthiopie où il commercialise du café, de l’ivoire, de l’or et du parfum. Pendant toutes ces années, Rimbaud n’écrit plus. Et s’amuse même de la naïveté de ses écrits. Il mourra le 10 novembre 1891, six mois après son retour en France et l’amputation de sa jambe droite.
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