Richard Cœur de Lion : le vrai du faux du roi chevalier
Voyage dans le temps au XIIe siècle, à la rencontre de Richard Ier d’Angleterre (1157-1199), à l’occasion d’un «Secrets d’Histoire» qui lui est consacré ce lundi à 21h10 sur France 3.
Le XIIe siècle est celui de tous les tourments agitant les royaumes qui peinent à se constituer. Troisième fils d’Henri II Plantagenêt (1133-1189) et d’Aliénor d’Aquitaine (1122-1204), Richard ne faillit pas à cette funeste tradition de ces souverains qui guerroient au mépris du peuple dont ils sont censés défendre le bien-être…
Son mariage longtemps retardé
Vrai et faux. Né le 8 septembre 1157, Richard est fiancé douze ans plus tard à Adèle de France (1160-1213 env.). Mais dès qu’elle est nubile, on prétend qu’Henri II en fait aussitôt sa maîtresse, retardant d’autant la consécration de l’union de son fils. Le mariage n’aura jamais lieu.
Pour accéder au trône d’Angleterre, il maîtrise parfaitement l’anglais
Faux. D’ailleurs il se désintéresse de ses sujets au milieu desquels il passe à peine un an de son existence. Tous les écrits du Roi sont en français médiéval. Le souverain est d’ailleurs poète à ses heures et protègera toute sa vie les trouvères et troubadours accueillis dans ses châteaux.
Philippe-Auguste, son ami d’enfance, devint son pire ennemi
Vrai. Philippe-Auguste, futur roi de France, et Richard se sont beaucoup fréquentés étant jeunes. Au point que certains historiens y ont décelé une relation homosexuelle. Pour d’autres, il n’en fut rien même si le roi d’Angleterre fréquenta fort peu son épouse, Bérengère de Navarre (env. 1163-1230), dont il n’aura aucune descendance. Richard aurait eu, par contre, un fils illégitime (Philippe de Cognac) et a été accusé de plusieurs viols. Les amis d’enfance deviendront rivaux et se livreront une guerre sans merci pour contrôler notamment le duché de Normandie.
Qualifié «Cœur de Lion» pour sa bravoure
Vrai. Pour son courage et sa vaillance au combat, Richard est très respecté par ses ennemis, dont Saladin combattu lors de la Troisième Croisade le menant en Orient, notamment avec Philippe-Auguste, son futur rival. Le Roi n’a cure de sa sécurité. En témoigne la blessure mortelle qui l’emporte lors du siège de Châlus, alors qu’il ne portait sans doute pas d’armure. S’il l’avait soignée à temps, il aurait pu survivre à l’infection. Le roi d’Angleterre aime aussi se vanter de pouvoir trancher d’un coup d’épée un Sarrasin bien protégé, ce qu’atteste le chroniqueur Joinville.
Robin des Bois, son contemporain
Faux. Même si on attribue à ce personnage semi-légendaire le fait d’avoir protégé Richard de son frère ayant usurpé le trône d’Angleterre alors qu’il était prisonnier. Ce n’est que trois siècles plus tard que des auteurs auraient créé de toutes pièces cette alliance entre les deux hommes.
Son château Gaillard était imprenable
Vrai et faux. Peut-être qu’il en aurait été ainsi si son frère qui lui succède, le pieux mais terne Jean sans Terre (1166-1216), n’avait fait percé deux grandes fenêtres dans les murailles pour illuminer la chapelle qu’il y avait adjointe. Dominant une boucle de la Seine, la puissante fortification (dont on visite toujours les ruines) est bâtie en deux ans par Cœur de Lion pour résister à l’invasion des troupes de Philippe-Auguste. C’est par les ouvertures de la chapelle que s’engouffreront les assaillants après des mois de siège…
Sa dépouille dispersée
Vrai. Richard I er est enterré à trois endroits différents. Son cœur aurait été conservé à Rouen, en atteste un coffre de plomb découvert il y a peu sous le gisant à son effigie dans la cathédrale. Son corps repose à l’abbaye de Fontevraud, au centre de la France, sous un autre gisant, aux côtés de son père et de sa mère. Ses entrailles enfin, seraient sous les ruines de l’église du château de Châlus où il trouva la mort le 6 avril 1199.
Texte : Hervé Gérard
Cet article est paru dans le Télépro du 13/1/2022
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