Révolution russe de 1917 : la paix et du pain !

Image extraite du film «Octobre» © RTBF/MK2
Stéphanie Breuer Journaliste

En 1917, alors que le monde est plongé dans la tourmente de la Grande Guerre, la Russie des tsars est ébranlée par une révolution, qui se déroule en deux temps.

La paix et du pain ! C’est ce que le peuple russe réclame en 1917, alors que les Romanov, au pouvoir depuis plus de trois cents ans, sont englués dans la Première Guerre mondiale.

À l’occasion de la diffusion du film soviétique de Sergueï Eisenstein «Octobre» (mercredi 20.35, La Trois), sorti en 1927, retour sur la révolution russe, qui a façonné durablement le XXe siècle, jusqu’à la chute de l’URSS en 1991.

Dès le début de l’année 1917, la colère commence à gronder en Russie. Aux défaites militaires et aux nombreuses victimes de la guerre s’ajoutent la faim, le manque de charbon et l’inflation. Les grèves se multiplient et l’opinion publique perd confiance dans le Tsar et la famille impériale.

Grève des ouvrières

Le début du mois de mars marque la première phase de la révolution (appelée «Révolution de Février» en raison des treize jours de décalage entre les calendriers grégorien et julien). Le 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, des ouvrières entrent en grève et manifestent dans les rues de Petrograd (en 1914, la capitale avait changé son nom de Saint-Pétersbourg, dont la consonance était jugée trop germanique) pour réclamer du pain et la paix. Dans les jours suivants, elles sont rejointes par des centaines de milliers d’ouvriers. Les soldats refusent de tirer sur la foule, comme ordonné par le Tsar, et font cause commune avec les manifestants.

Cette première révolution contraint le tsar Nicolas II à abdiquer et met ainsi fin à trois siècles de régime autocratique. Le pouvoir de la nouvelle république est alors partagé entre un gouvernement provisoire de libéraux et socialistes – qui sera dirigé par le jeune avocat Alexandre Kerenski – et le Soviet de Petrograd (une assemblée de représentants d’ouvriers, de paysans et de soldats).

Retour de Lénine

C’est dans ce contexte qu’un certain Vladimir Ilitch Oulianov, plus connu sous le nom de Lénine, fait son retour d’exil, tout comme son comparse Léon Trotski. Face à ce nouveau gouvernement qu’il juge trop modéré, le premier prononce ses fameuses «Thèses d’avril». Il y préconise l’abandon de la guerre, la redistribution des terres et surtout le transfert de tout le pouvoir aux Soviets. Son discours ultra radical surprend les membres du nouveau régime, de même que certains membres de son propre parti bolchevik.

Lénine appelle à l’insurrection et à la guerre civile européenne contre le capitalisme. Il parvient à convaincre son parti de lancer l’assaut armé dont il rêve. Dans la nuit du 6 au 7 novembre (du 24 au 25 octobre selon le calendrier julien), les bolcheviks assiègent le Palais d’Hiver, où siègent les ministres, et s’emparent des principaux centres de décision de la capitale russe.

Par ce coup d’État, baptisé «Révolution d’Octobre», Lénine entend remplacer la jeune démocratie, instaurée quelques mois plus tôt, par une «dictature du prolétariat», inspirée par les principes marxistes. Partie d’un soulèvement populaire en mars 1917, la révolution finit donc surtout par profiter à Lénine, qui se retrouve à la tête du tout premier régime communiste de l’Histoire. Si, comme promis, celui-ci parvient à sortir de la Première Guerre mondiale (par le désastreux traité de Brest-Litovsk), il plonge néanmoins son pays dans une terrible guerre civile de quatre longues années…

Cet article est paru dans le Télépro du 30/5/2024

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