Renoir et le drôle de destin d’Irène

Une toile de commande pour le célèbre peintre © France 5

Quand on admire un tableau dans un musée, on ignore parfois qu’il a longtemps traîné dans une cave ou un grenier. C’est le cas de «La Petite fille au ruban bleu» de Renoir. À l’occasion du 100e anniversaire de la mort du peintre, France 5 retrace, ce samedi à22h25, l’étonnant destin de cette toile surnommée «La Petite Irène».

En 1880, Louis Cahen d’Anvers, riche banquier parisien, cherche un peintre qui puisse faire le portrait de ses trois filles. On lui propose Auguste Renoir. Cahen hésite. Il n’apprécie pas l’impressionnisme, préférant quelque chose de plus classique.

Renoir hésite aussi. À 39 ans, il n’a plus envie de peindre des gamines, mais il faut bien manger… Il commencera par l’aînée : Irène, 8 ans. Pour ménager la chèvre et le chou, il peint son visage avec une précision académique tandis que la chevelure, la robe et l’arrière-plan se fondent dans un style impressionniste.

Le commanditaire n’apprécie pas. La toile prévue pour le salon est remisée à l’étage des domestiques. Elle y reste une dizaine d’années, jusqu’au mariage d’Irène. La jeune femme emporte alors son portrait parmi ses meubles. Mais le mari, passionné d’art classique, n’a que mépris pour cette croûte. Pas question de mettre cette tache de couleur dans son intérieur !

Outrages et scandales

En 1902, Irène abandonne mari et enfants pour un comte italien. Scandale. D’autant qu’elle se détourne de la religion juive pour se convertir au catholicisme et ainsi épouser son amant devant Dieu. Le mari outragé lui renvoie ses meubles et son Renoir. Elle n’a que faire de la toile, qui repart chez ses parents.

Au fil des années, pourtant, la renommée du peintre a bien grandi. En 1886, il a exposé une trentaine d’œuvres à New York. En 1892, l’État lui a acheté une toile pour le musée du Luxembourg. Et quelques mois avant sa mort, à l’automne 1919, une toile de Renoir a même été exposée au Louvre. Rares sont les artistes à avoir eu cet honneur de leur vivant.

Mais les Cahen d’Anvers n’en ont que faire. Au début des années 1920, ils se débarrassent à nouveau de la toile en la donnant à leur petite-fille, Béatrice, qui vient de se marier. Béatrice est la fille d’Irène. Privée de sa mère durant son enfance, elle est heureuse de la retrouver dans ce tableau. Peu importe qu’il ait pris de la valeur et que plusieurs marchands lui en proposent de belles sommes : elle refuse de le vendre, elle y tient.

Pour découvrir la suite de l’histoire de cette toile, rendez-vous dans le magazine Télépro du 28 novembre.

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