Renard, le phénix des hôtes de ces bois…
Maudit par les propriétaires de poules, le renard est pourtant un animal fascinant et utile qui s’est adapté à tous les milieux. Voici dix choses que vous ne saviez peut-être pas sur ce petit mammifère qui a colonisé tous les continents, hormis l’Antarctique. Et auquel Arte s’intéresse mercredi, dans «Xenius».
Solitaire
Le renard fait partie de la famille des canidés, au même titre que les loups, les chiens, les lycaons ou les chacals. Mais à l’opposé des chiens ou des loups, les renards ne sont pas des animaux de meute. La femelle élève ses petits au sein du noyau familial (parents et renardeaux) dans un terrier. En dehors des périodes de procréation et quand les petits sont autonomes, les renards chassent et dorment seuls. Ceci étant, les années fastes, un couple peut accepter sur son territoire, en plus des jeunes de l’année, des jeunes des années précédentes ou un vieux parent. Le clan ne dépassera toutefois pas cinq adultes.
De goupil à renard
Goupil (du latin vulpes) est le terme désignant l’animal au Moyen Âge avant que la dénomination actuelle ne le supplante sous l’influence, en particulier, de Renart le goupil, héros du «Roman de Renart», un ensemble médiéval de récits animaliers écrits en ancien français et en vers. C’est donc du nom propre d’un avocat de Paris que l’auteur voulait moquer, Renart (du germanique Reinhard), que provient le nom commun, qui a ainsi remplacé le mot goupil dans la langue française.
Goupil, le conquérant !
Le genre Vulpes compte une douzaine d’espèces. Mais c’est le renard roux (Vulpes vulpes) qui est le plus répandu en Eurasie, Amérique du Nord, Afrique du Nord et Australie (où il a été introduit par l’homme et où il est aujourd’hui considéré comme une espèce envahissante).
Des airs de chat
Physiquement proche du loup, son opportunisme et sa capacité d’adaptation aux conditions fournies par l’environnement rapprochent aussi le renard du chat : un déplacement souple et furtif, une taille modeste, une pupille verticale et de longues moustaches ultra-sensibles. Doté d’une bonne vision nocturne, c’est surtout grâce à son odorat fin et son ouïe très performante qu’il détecte, sous terre ou dans l’épaisse végétation, les petits rongeurs, ses proies de prédilection, en particulier les campagnols.
Chasseur expert
Le renard est expert dans l’art de la chasse et utilise différentes techniques telles que : l’affût : il s’approche lentement de sa proie, s’immobilise lorsque sa victime potentielle cesse son activité ou regarde en sa direction, avant de lancer la course poursuite dès qu’il se trouve suffisamment proche ; la ruse, en faisant le mort, par exemple… le mulotage : après avoir repéré sa victime, il s’arrête, affine la localisation avec son odorat et ses oreilles, bondit et retombe sur sa proie qu’il cloue au sol…
Le menu de Renard
Un seul renard peut consommer plusieurs milliers de rongeurs par an. En bon opportuniste, il complète ce régime avec tout ce qu’il trouve au fil des saisons : lombrics, amphibiens, insectes, fruits, oiseaux (y compris de basse-cour), charognes. Il lui arrive même de faire des provisions qu’il dissimule sans en oublier les cachettes.
Il ne perd jamais le Nord
En Amérique du Nord, le renard roux utilise uniquement la technique du mulotage pour chasser sous la neige. Mais comment fait-il pour repérer sa proie sous une épaisse couche de poudreuse ?
Une équipe de chercheurs tchèques a suggéré, dans une étude publiée en 2011, que l’animal pouvait percevoir le Nord magnétique. La présence d’une proie y provoquerait une légère interférence permettant au renard de la localiser et d’évaluer précisément la distance qui l’en sépare avant de la débusquer en plongeant brusquement dans la neige.
Le plus léger des renards
Le fennec (Vulpes zerda) ou renard des sables vit dans le désert du Sahara et la péninsule du Sinaï. Il est le plus petit des canidés du monde (de 20 à 40 cm) et, pesant à peine plus d’un kilo et demi, la plus légère de toutes les espèces de renards. Il est parfaitement adapté au climat aride. Ses oreilles lui servent à détecter une proie à des centaines de mètres à la ronde, mais également de système de ventilation et de refroidissement du sang. Les poils sous ses pattes le protègent du sable brûlant, lui évitent de glisser et lui permettent d’approcher ses proies en silence. Le fennec est le plus léger de tous les renards
Victime de légendes et de clichés
Aujourd’hui le renard n’est plus porteur de la rage : grâce à une vaccination orale entamée en Belgique en 1989, elle fut totalement éradiquée en 2001. S’il s’attaque au gibier, il s’agit d’oiseaux d’élevage incapables de se défendre et lâchés pour la chasse. Il n’est pas non plus responsable de la raréfaction du lièvre. S’il croque des espèces en voie d’extinction comme le Grand Hamster, il n’est qu’un épiphénomène dans leur disparition.
Utile et régulé naturellement
Le goupil ne pullule pas : il adapte sa reproduction à la quantité de proies disponibles sur son territoire. En fait, il se révèle un maillon essentiel dans les écosystèmes en tant qu’auxiliaire de l’agriculture, en régulant les petits rongeurs et en jouant le rôle d’équarrisseur naturel. Il protège aussi les humains de la maladie de Lyme : les bactéries à l’origine de cette pathologie infestent les tiques qui parasitent les rongeurs dont il fait ses repas quotidiens, réduisant de facto les risques de transmission à l’homme.
Cet article est paru dans le Télépro du 12/08/2021.
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