Reinhard Heydrich : la chute du bourreau nazi
Bras droit de Himmler et architecte de la «solution finale», Reinhard Heydrich est assassiné, en 1942, par deux soldats tchécoslovaques.
«La Bête blonde», «le Boucher de Prague», ou, selon Hitler, «l’homme au cœur de fer». La tendance est donnée avec les surnoms attribués à Reinhard Heydrich, appelés par les SS «HHhH» («Himmlers Hirn heißt Heydrich», soit «le cerveau de Himmler s’appelle Heydrich»). En 1942, ce haut dignitaire nazi est victime d’un attentat à Prague. Une histoire racontée dans le film «HHhH» (ce dimanche 21.05, France 2), adapté du roman de Laurent Binet.
Né en 1904, Reinhard Heydrich est le fils d’un directeur de conservatoire de musique. Lui-même violoniste talentueux, il choisit pourtant une tout autre voie. Marqué comme beaucoup d’Allemands par la défaite de 1918, le jeune Reinhard entre dans la Marine comme officier. Viré pour mauvaise conduite en 1931, il rejoint, sur les conseils de son épouse, la SS, le corps d’élite du parti nazi.
«Le chef de la SS, le Reichsführer Heinrich Himmler, est séduit par sa taille haute, son physique «aryen» et surtout son intelligence froide et synthétique», raconte André Larané dans «La Bête blonde du nazisme» (herodote.net).
Antisémitisme viscéral
Très vite, Reinhard Heydrich gravit les échelons et devient le bras droit de Himmler. «Dans sa brève existence, il a eu le temps de fonder les services secrets de la SS (en 1931), d’aider Heinrich Himmler à prendre le contrôle de toute la police du Reich, de prendre lui-même la direction de la police politique et de bâtir, à partir de 1936-1937, un véritable «ministère de la terreur», qui prit le nom, à l’automne 1939, de Bureau central de la sécurité du Reich», écrit Édouard Husson dans «Heydrich et la solution finale» (Perrin). «De 1936 à sa mort, Heydrich contribua de façon essentielle, avec Heinrich Himmler, à faire de la SS l’instance en charge de la politique antijuive du IIIe Reich. Ce n’est donc pas un hasard s’il fut l’organisateur de la conférence de Wannsee.»
En janvier 1942, quinze hauts responsables du Reich se réunissent dans la villa Marlier de Wannsee, à Berlin, pour évoquer la «solution finale sur la question juive» voulue par Hitler. La conférence est présidée par Reinhard Heydrich qui était, selon l’historien, «porteur à la fois d’un antisémitisme viscéral et, malheureusement pour ses victimes, d’un don inné du management».
Mission suicide
Mais le sinistre parcours de Reinhard Heydrich va trouver un épilogue prématuré grâce à l’opération «Anthropoïd». Organisée depuis Londres, celle-ci vise à supprimer celui qui sème la terreur et fait couler le sang en Bohême-Moravie (Tchécoslovaquie) où Hitler l’a nommé Protecteur du Reich.
Le 27 mai 1942, Jan Kubiš et Jozef Gabèik, deux jeunes soldats tchécoslovaques, parachutés par un avion britannique, se placent en embuscade sur la route reliant le domicile de Heydrich à son bureau. Lorsque sa Mercedes décapotable, conduite par son chauffeur, apparaît, Gabèik bondit sur la route. Mais face à sa cible, sa mitrailleuse s’enraye. Son comparse permet leur fuite en jetant une grenade dans le véhicule. Blessé, le bourreau nazi succombe à ses blessures quelques jours plus tard.
Une traque s’organise : débusqués dans une église pragoise, les deux soldats sont exécutés. En représailles, les troupes allemandes tuent des milliers de civils et raient de la carte le village de Lidice. Si cet attentat est un premier coup porté au Reich, il ne l’empêche pas de poursuivre son morbide projet d’holocauste. Le printemps 1942 coïncide d’ailleurs, pour certains historiens, avec l’accélération du processus génocidaire…
Cet article est paru dans le Télépro du 21/1/2021
La bande annonce de «HHhH» :
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