Recherche médicale : mystères et effet placebo

Le placebo, un «miracle» dû à notre cerveau © Getty
Alice Kriescher Journaliste

Ils peuvent soulager la douleur physique ou morale et pourtant ces «médicaments» ne contiennent rien ! C’est l’effet placebo.

L’effet placebo fascine autant qu’il questionne. Mercredi à 22h35 sur La Une, «Matière grise» tente de savoir comment ces pilules, qui ne contiennent aucun principe actif, fonctionnent dans notre organisme.

Système P

En latin, placebo signifie «je plairai». En 1811, dans le Quincy’s Lexicon-Medicum, son acception devient médicale puisqu’il y est défini comme «un traitement donné plus pour plaire au patient que pour le guérir».

L’une des plus célèbres expérimentations de l’effet placebo est celle entreprise par l’anesthésiste Henry Beecher durant la Seconde Guerre mondiale. «Puisque le stock d’antidouleurs du médecin diminuait drastiquement, il se mit à injecter à ses patients une solution saline, normalement sans effet, tout en leur mentant sur le contenu de la seringue», relate David Goslin dans une thèse consacrée au sujet. «Il remarqua alors que les patients ayant reçu des injections de solution saline se sentaient eux aussi soulagés et se plaignaient moins de leurs douleurs.»

Le monde scientifique explique ce mystérieux effet par des mécanismes psychologiques comme le conditionnement et la suggestion. «Un patient convaincu qu’il va guérir, qui a confiance en son thérapeute et qui focalise une grande partie de son attention sur les signes de sa guérison, se met dans des conditions favorables à cette guérison», explique Aurélie Trouilloud, pharmacienne, au Figaro Santé.

Lorsqu’il fonctionne, l’effet placebo dupe notre cerveau, en y activant les structures qui fabriquent de la morphine.

Chirurgie placebo

Plus fort encore que de donner du sucre à la place d’un médicament, le placebo a aussi prouvé la puissance de son effet en chirurgie. Des patients nécessitant une intervention cardiaque ont été divisés en deux groupes. Chez les premiers, une petite ligature a effectivement été pratiquée autour d’une artère, chez les seconds on a «juste» ouvert le thorax, sans rien toucher. Les effets furent bénéfiques chez les deux groupes et, dans les deux cas, ils peuvent durer plusieurs années.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 14/5/2020

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