Recherche désespérément Schnidi, mort il y a 5.000 ans
Dans les glaciers suisses en fonte, une découverte inestimable pour les archéologues ! Une enquête à découvrir ce jeudi à 20h50 sur France 5, dans le documentaire «Schnidi, le fantôme du néolithique».
Images en noir et blanc. Un homme cherche son chemin dans la montagne. D’où vient-il ? Sans doute d’un clan installé dans la vallée. Où va-t-il ? De l’autre côté du col… Enfin… s’il réussit à le franchir. Le mastodonte de 2.700 mètres se dressant devant lui a tout d’un monstre, prêt à l’engloutir dans ses pièges tendus à chaque pas. La neige glacée flagelle son visage, le vent hurle à ses oreilles : son arc et ses flèches ne pourront rien dans ce combat si inégal. Mais il poursuit sa route. Ses congénères aperçus plus bas l’ont-ils vu ? Ont-ils suivi sa piste ? Il l’ignore. Avancer, encore, toujours. Mais il fait si froid…
Mystère en altitude
Images en couleur. Une femme progresse dans la montagne. En se levant à l’aube ce 19 septembre 2003, Ursula Leuenberger s’est promis d’atteindre le sommet du col de Schnidejoch. Il a fait particulièrement chaud cet été. Ici, en Suisse, on a enregistré jusqu’à 41 °C, notamment dans les cantons de Berne et du Valais que la montagne sépare. La canicule a au moins eu de bon qu’aujourd’hui, le sommet est accessible sans matériel spécial, par un chemin étroit et abrupte, sinuant parmi les rochers.
Soudain, le regard de la randonneuse s’arrête sur un objet insolite d’une quarantaine de centimètres au milieu des cailloux. «Elle le saisit et constate au toucher qu’il est extrêmement dur et froid, comme congelé», relatent Vanessa Haussener et Thibaud Marchand dans leur livre «Schnidi et la révolution néolithique» (encadré). «Pourrait-il avoir été libéré par les glaces en train de fondre ?»
Cold case glacé
Intriguée, Ursula l’emporte. De quoi peut-il bien s’agir ? En tout cas, l’ovni (objet valaisan non identifié) ne correspond à rien de ce que la quadragénaire connaît. Par contre, elle devine de quelle matière il est constitué. Elle anime des ateliers de travail du bois et est formelle : «L’odeur dégagée est celle du bouleau», déclare-t-elle aux archéologues du musée d’Histoire de Berne auxquels elle s’adresse à son retour. Ils n’en croient pas leurs yeux.
Pour les scientifiques, il s’agit d’un carquois. Mais c’est la datation de celui-ci, au carbone 14, qui les stupéfie : l’ère du néolithique, il a 5.000 ans ! La montagne vient de leur offrir un cadeau exceptionnel, un des plus anciens objets jamais offerts à l’homme. Une enquête palpitante commence.
Le cousin Ötzi
Pour éviter les curieux qui saccageraient le site, l’affaire ne peut être éventée. Des archéologues y retournent dans le plus grand secret. Leur idée : retrouver le corps du propriétaire du carquois. La découverte d’Ötzi en 1991 anime leur espoir… Ötzi ? Un homme de 45 ans, blessé dans un combat peu avant son décès et dont le corps a été restitué par un glacier, à 3.200 m d’altitude, entre l’Italie et l’Autriche… 5.100 ans après sa mort ! Une sorte de cousin de l’inconnu recherché par les scientifiques suisses douze ans plus tard. Ils ne vont pas être déçus…
Un fantôme dans la brume
Leurs investigations mettent au jour plus de 300 objets. Parmi eux, un arc en if et sa corde, des pointes de flèches et des restes de chaussures en cuir, sans doute celles du disparu. Un pot en bois aussi, daté de 4.400 av. J-C, mille ans plus vieux qu’Ötzi ! Par contre, aucune trace de celui surnommé «Schnidi»…
Images en noir et blanc. La neige tombe, de plus en plus épaisse. Dans le brouillard, on devine à peine les contours de la montagne et des traces de pas qui s’éloignent. Un cri… puis plus rien. Seul le vent qui emporte le souvenir de Schnidi à travers le temps…
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 22/10/2020
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