Radioactivité à tous les étages
De l’extraction du minerai au stockage des déchets, la pollution à l’uranium sous la loupe, ce mardi à 22h15 sur La Une avec le documentaire «Vert de rage – L’uranium de la colère».
Arlit, dans le nord du Niger. La ville sort des sables du désert du Sahara en 1969 après la découverte d’importants gisements d’uranium dans la région. Des dizaines de milliers de nomades et de travailleurs viennent l’habiter dans l’espoir de trouver un emploi et une vie meilleure. C’est tout autre chose qui les attend. En 2018, la réalisatrice de 29 ans Amina Weira, originaire de la région, présente un documentaire consacré à la ville, «le second Paris» comme Arlit avait été surnommée en raison de la nationalité de l’entreprise exploitant les mines, la société française Orano.
Les maisons construites avec la terre des mines, la nourriture, le bétail… : la poussière et les résidus venus des mines empoisonnent tout, «les gens boivent de l’eau contaminée par la radioactivité», constate à l’époque la jeune femme. Quelques années plus tard, le journaliste Martin Budot se rend à son tour sur les lieux. Il y effectue des mesures et vérifie le taux de pollution. Résultat : des niveaux de radioactivité jusqu’à quatre fois plus élevés que ceux de Tchernobyl, même à l’intérieur des maisons. Son enquête diffusée ce mardi sur La Une ne s’arrête pas là. La pollution non plus.
En première ligne
Les premières extractions du minerai remontent à la fin du XIXe siècle (en Tchéquie), mais c’est à partir de la Seconde Guerre mondiale (1942) et de la découverte de son utilisation à des fins militaires que l’exploitation des mines se développe. Aujourd’hui, la World Nuclear Association (WNA) estime la production mondiale d’uranium à 48.332 tonnes. Les principaux pays producteurs sont le Kazakhstan, le Canada, l’Australie, la Namibie et le Niger. Dès la fin des années 1950, des études concluent que les mineurs d’uranium américains sont exposés à un plus grand risque de cancer mortel du poumon.
Le danger d’irradiation provient de gaz, dont le radon, un produit de désintégration du radium. Les menaces sanitaires en amont ne se limitent pas à la première ligne. «Pour chaque tonne d’uranium extrait, il y a entre quatre et cent tonnes de déchets radioactifs», souligne l’œuvre d’entraide Swissaid. Des particules radioactives peuvent alors être diffusées par le vent et contaminer l’environnement. L’eau, les nappes phréatiques, la faune, la flore, les êtres humains (risques de cancer du poumon, de maladies du sang, de troubles rénaux, de problèmes de reproduction) sont davantage exposés «avec des impacts diffus sur le long terme» : les résidus peuvent rester radioactifs pendant des milliers d’années, 76.000 ans pour le thorium 230.
En Belgique
L’entreposage de déchets radioactifs, la Belgique connaît. Entre 1922 et 1970, l’usine de l’Union minière à Olen, près d’Anvers, travaille le radium et l’uranium. Quand l’activité s’y arrête, des rejets liquides dans un ruisseau et l’utilisation de certains résidus pour des remblais sont constatés. L’Agence fédérale de contrôle nucléaire rassure : «Bien que les contaminations atteignent parfois un niveau important, leur impact sur la population reste heureusement limité.»
Le nouveau propriétaire construit sur le site plusieurs installations d’entreposage de déchets faiblement radioactifs pour stocker les terres contaminées. En Belgique, la quasi-totalité des déchets radioactifs produits est stockée à Dessel (province d’Anvers), dans les installations de l’Organisme national des déchets radioactifs (ONDRAF) et de sa filiale Belgoprocess. Le combustible nucléaire utilisé provenant des centrales nucléaires de Doel et Tihange constitue une exception à cette règle. Une installation de stockage définitif pour les déchets faiblement radioactifs sera opérationnelle à Dessel en 2025. Aucune décision sur le sort des déchets de catégorie B (vie longue) et C (haute activité) n’a encore été prise par le gouvernement belge…
Cet article est paru dans le Télépro 17/11/2022
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