Qui a la trouille de la citrouille ?
En ces temps d’Halloween, fêté le 31 octobre, France 5 farfouille dans l’histoire de la citrouille pour en extraire ses mystères, avec le documentaire «La Citrouille, moins courge qu’elle n’en a l’air».
Peut-être en avez-vous orné vos maisons, entrées ou jardins ? Dégusté en soupes et autres plats succulents aux couleurs automnales. Mais connaissez-vous l’origine de la plus populaire des cucurbitacées ? Du carrosse de Cendrillon à l’effrayante figure d’Halloween, retour sur l’histoire envoûtante d’un aliment «moins courge qu’il n’en a l’air».
Origine
La citrouille, du latin «citrus», en allusion à sa couleur orangée, a probablement été domestiquée en Amérique du Sud au moins 5.000 ans avant notre ère. Les Amérindiens lui attribuaient déjà une dimension symbolique liée à la fécondité et à la prospérité en raison de sa forme ronde et de l’abondance de ses pépins. Elle fut ensuite introduite en Europe par les Portugais au XVIe siècle. En même temps que son cousin : le potiron, moins filandreux et à la chair plus sucrée. Mais si la courge inspire aussi l’épouvante, c’est à cause d’un malheureux navet irlandais qui lia, à tout jamais, son destin à la tradition d’Halloween.
Jack à la lanterne
Ce navet sculpté, appelé Jack’O Lantern, appartenait, selon une vieille légende, à Stingy Jack, un ivrogne connu pour sa méchanceté, sa radinerie et ses mauvais tours. Sa cruauté était telle que le Diable lui-même entendit parler de lui et vint le chercher dans sa campagne irlandaise. Mais le gredin négocia un dernier verre. Pourquoi diable le lui refuser ? Sauf que, fidèle à ses penchants, l’escroc n’eut pas de quoi régler la note. Agacé, le Malin se transforma en pièce de monnaie… que le farceur fourra dans sa poche. À côté d’une petite croix en argent. Horreur ! Le diable était pris au piège.
En échange de sa libération, il accorda à Jack dix ans de sursis. Puis il le surprit, à nouveau, au pied d’un pommier. Le damné réclama cette fois une pomme. Exaspéré mais proche du but, Satan grimpa dans l’arbre et Jack en profita pour y graver un crucifix. Le scélérat ! Pour pouvoir descendre, le diable jura de le laisser tranquille à jamais. Si bien qu’à sa mort, personne ne voulut de Jack, ni au paradis ni en enfer. Condamné à errer dans la nuit jusqu’au jugement dernier, Jack trouva sur son chemin un morceau de charbon ardent qu’il inséra dans un navet en guise de lanterne que l’on nomma Jack’O Lantern. On raconte que depuis lors, son fantôme apparaîtrait chaque veille de Toussaint…
Du navet à la citrouille
Les premiers migrants irlandais emportèrent le mythe sur le Nouveau Continent où le navet, difficile à creuser, fut remplacé par un fruit très apprécié et bien connu : la citrouille ! Ainsi, chaque année à Halloween, les Américains sculptent des courges plus monstrueuses les unes que les autres, dans l’espoir d’éloigner les mauvais esprits. Une tradition dont la popularité ne cesse de croître dans nos contrées. Prouvant que cette histoire de citrouille n’a décidément rien d’un navet !
Cendrillon
Si tout le monde connaît le conte immémorial de cette jeune fille de bonne famille reléguée au rang de servante, on ignore cependant que la citrouille qui lui sert de carrosse pour se rendre au bal est un élément inventé par Charles Perrault dans sa version de 1697. Le conte original n’en fait pas mention. «Cet ajout offre une clé de lecture supplémentaire», explique le collectif littéraire LIPOthétique, «la citrouille étant le symbole de la bienveillance qui mène la jeune fille au bonheur». C’est elle qui permet le passage d’une vie de misère à une vie de princesse !
La plus grosse
Le record du monde de la plus grosse citrouille est détenu par l’Italien Stefano Cutrupi qui a présenté, en 2021, un mastodonte de 1.226 kg, soit le poids d’un jeune hippopotame. Il bat ainsi l’agriculteur belge, Mathias Willemijns, et son bébé de 1.190 kg.
«Le Gland et la Citrouille»
Saviez-vous qu’il existe une fable de La Fontaine dédiée à la courge ? Dans «Le Gland et la Citrouille», un paysan nommé Garo se dit que s’il avait dû créer une citrouille, il l’aurait bien vue pendue à un arbre comme un fruit. Mais voilà qu’il s’endort au pied d’un chêne et se fait réveiller par la douleur provoquée par un petit gland tombant sur son nez. Le paysan n’ose alors imaginer ce qu’il serait advenu de lui si le gland avait été une citrouille… Il en conclut que finalement, la nature était bien faite ! Moralité : la nature est bien faite…
Cet article est paru dans le Télépro du 27/10/2022
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