Qui a écrit la Bible ?
Cette énigme entoure toujours le livre le plus lu de l’Histoire. Ce samedi à 20h30, La Trois diffuse un documentaire revient sur l’histoire de «La Bible», avant de s’intéresser à 21h35 au «Nouveau testament».
«Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. (…) Dieu dit : ‘Que la lumière soit.’ Et la lumière fut…» Le livre de la Genèse, chapitres 1 et 3, les premiers mots de la Bible, le commencement. Et déjà une question : qui les a écrits ? «Qui parle avant que Dieu ne parle ?», s’interrogent certains commentateurs. «Qui commence à raconter et met en scène la parole de Dieu : «Et Dieu dit» ? En vérité, en vérité je vous le dis : nous n’allons pas répondre à la question. Mais quand même tenter de le faire.
La grande bibliothèque
Le mot «bible» vient du grec «biblia», un pluriel qui signifie : «les livres». Des livres qui se répartissent en deux «catégories» : l’Ancien et le Nouveau Testament. Combien de livres ? Juifs, catholiques et protestants ne sont pas d’accord sur leur nombre. L’Ancien Testament, aussi appelé Bible hébraïque, relate l’Alliance passée entre Dieu et le peuple juif et, plus largement, l’humanité entière. Pour les catholiques, il est constitué de 46 livres, pour les protestants et les Juifs, de 39 (mais il y a des regroupements). De son côté, le Nouveau Testament raconte ce que Jésus a fait dans quatre évangiles et quelques lettres. Protestants et catholiques s’accordent pour dire qu’il comporte 27 livres. Les Juifs ne reconnaissent pas Jésus comme le messie et fils de Dieu, ils ne prennent pas ces écrits en considération. Cela précisé, subsiste la question : qui a écrit ces livres ?
À plusieurs mains
L’Ancien Testament pour commencer. «Les premiers récits bibliques remontent à l’an 1000 avant Jésus-Christ», explique Christophe Herinckx, théologien et journaliste à CathoBel, le portail de l’Église catholique en Belgique francophone. «Savoir qui les a écrits est particulièrement difficile. Des exégètes, qui sont un peu des interprètes de ces textes anciens, tentent de retracer leur histoire.» Un exemple. Au VIIIe siècle avant J.-C., le prophète Isaïe s’adressait au peuple pour faire passer le message de Dieu. «Lui-même n’a rien écrit. Ce sont ses disciples qui ont retranscrit ce qu’il disait. Par la suite, plusieurs générations d’auteurs ont repris les textes, les ont retravaillés, réinterprétés en fonction des événements qui se passaient pour le peuple d’Israël.» La plupart des livres bibliques ayant été achevés entre 600 et 200 avant Jésus-Christ, l’histoire du livre d’Isaïe a quant à elle duré près de trois siècles. Elle n’est pas due à un seul auteur.
Un texte canon
Le parcours de l’écriture du Nouveau Testament est fort semblable. Il est rédigé entre quarante et cent ans après Jésus Christ. Une chose est claire : Jésus n’a rien écrit. «Ceux qui l’ont fait n’ont pas consigné ce qu’Il disait comme un récit journalistique, à chaud, sur place», indique le théologien. «Il avait des disciples et, après sa mort, les premières communautés se sont formées. Les paroles du Christ circulaient de manière orale dans un premier temps. Comme le temps passait, on a commencé à mettre ça par écrit. Cela a abouti aux Évangiles tels que nous les connaissons aujourd’hui.» Quand on parle de l’Évangile de Mathieu par exemple, est-ce lui ou des proches qui l’on rédigé après lui ? Rien n’est sûr. Ici aussi, plusieurs rédacteurs sont sans doute intervenus avant d’en arriver au texte connu. «Au Ve siècle, l’Église est intervenue. Elle a fixé ce qu’on appelle le «Canon des Écritures» en disant : on ne touche plus à ces textes, ils sont définitifs, LA référence de base pour la foi des chrétiens».
Le don des langues
Les traducteurs vont aussi jouer un rôle dans l’histoire. L’Ancien Testament, par exemple, était écrit en hébreu, langue littéraire officielle à côté de l’araméen, langue le plus souvent parlée à l’époque de Jésus. Une traduction a été faite en grec pour que le plus grand nombre comprenne les Écritures. «Le Nouveau Testament a été directement écrit en grec et, à la fin du IVe siècle, saint Jérôme a traduit en latin une grande partie de l’Ancien et du Nouveau Testament», conclut Christophe Herinckx. Cette traduction servira pendant des siècles à la lecture de la Bible dans les églises. Imprimées pour la première fois entre 1452 et 1455, les Écritures saintes restent un «best-seller» absolu, diffusé à plus de 5 milliards d’exemplaires et traduit, au moins partiellement, dans 1.800 langues. Si vous trouvez qui l’a écrit, il y a des droits d’auteurs non négligeables à percevoir…
Cet article est paru dans le Télépro du 28/3/2024
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici