Question de taille : voir la vie en… très grand !
Les personnes de très grandes tailles sont de plus en plus nombreuses en Europe. Ce samedi à 19h50 sur RTL-TVI, «I comme» s’interroge sur le quotidien de ces géants du genre humain.
Si la taille moyenne de l’être humain n’a eu de cesse de fluctuer au cours de l’Histoire, la forte croissance constatée depuis la fin du XIXe siècle est sans précédent. Allons-nous un jour cesser de grandir ?
«Termine tes frites !»
En combinant la taille des hommes et des femmes, notre pays est septième au classement des habitants les plus grands au monde, avec 173,48 cm, la première marche étant toujours occupée par les Néerlandais et leurs 175,62 cm. L’homme belge moyen mesure ainsi 181,69 cm, contre 165,49 cm pour la femme.
Le plus grand Belge vivant est Alain Delaunois, avec 230 cm. Entre 1880 et 1980, notre Plat pays a pris environ 15 cm de hauteur grâce à ses habitants.
Un constat logique pour le professeur de la faculté de médecine de l’Université de Gand, Stefaan De Henauw, interrogé par Le Soir. «Les conditions de vie en Belgique n’ont jamais été aussi favorables que dans les dernières décennies. Notre nourriture est de meilleure qualité qu’il y a cent ans, les soins de santé sont bien meilleurs, la croissance des enfants n’est plus ralentie par la faim ou la maladie.»
Taille et niveau de vie
Si le Belge a bien grandi, c’est en réalité le cas dans à peu près tous les pays européens, avec une moyenne de 11 cm supplémentaires, en un siècle. «Les gens qui appartiennent aux groupes caucasiens, de peau blanche, et généralement européens, possèdent des gènes dans lesquelles sont inscrites de hautes tailles», poursuit Stefaan De Henauw.
Des gènes qui n’expliquent cependant pas tout : l’augmentation considérable de la taille se retrouve aussi en Extrême-Orient, où les Japonais, les Chinois et les Coréens du Sud sont beaucoup plus grands qu’à la fin du XIXe siècle. En parallèle, les Américains, eux, sont passés de la 3e place au classement de 1914, à la 33e , en 2016.
Dans une vaste étude sur le sujet, chapeautée par l’OMS, un lien a été établi entre le niveau de vie d’un enfant et sa taille adulte. Ainsi, selon les chercheurs, au cours du XXe siècle, l’introduction de la protection sociale complète en Europe et une tendance à gommer les disparités économiques au sein de la population, japonaise notamment, pourraient expliquer les progressions de la taille humaine. Alors qu’au même moment, aux États-Unis, le fossé entre très riches et très pauvres n’a eu de cesse de se creuser.
«La taille est donc également un indicateur socio-économique extraordinaire !», explique Martine Vercauteren, spécialiste de génétique humaine à l’ULB, dans les pages du Soir Mag. «Si les écarts de taille se réduisent entre les classes sociales, c’est que le pays se porte mieux !»
Ça ne pousse plus
Cette prise de hauteur impressionnante semble pourtant toucher à sa fin. Depuis une trentaine d’années, les scientifiques observent une stagnation, voire une baisse de la taille humaine. Chez les champions néerlandais, par exemple, la génération née en 2001 fait 1 cm de moins que celle de 1980.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène, comme les crises économiques, qui ont exacerbé les inégalités, ou encore la malbouffe. L’autre hypothèse est que nous avons tout simplement atteint notre taille maximum, comme l’explique le biologiste Adrien Marck, dans Le Parisien. «Il y a dans notre espèce une taille maximale inscrite dans notre capital génétique. Cette taille limite, on ne la connaît pas précisément. Elle varie d’ailleurs d’un individu à l’autre. Mais, en croisant les données, on pense qu’on est en train de s’en approcher.»
Cet article est paru dans le Télépro du 2/9/2022
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