Quel somnambule sommeille en vous ?
Mercredi à 23h15, «Matière grise» (La Une) s’intéresse à un trouble du sommeil qui touche un enfant sur sept : le somnambulisme !
Bien que le phénomène s’estompe avec l’âge, 2 à 4 % des adultes restent concernés. Si l’idée d’un être au regard vide, déambulant les bras tendus dans les couloirs, tout en marmonnant des phrases incohérentes, prête à sourire, vivre avec le somnambulisme n’est pas de tout repos. Ni pour le somnambule, ni pour son entourage. Dès lors, quels sont les bons gestes à adopter face à ce type de comportement inconscient ? Est-il vrai qu’il ne faut jamais réveiller un somnambule ? Objets de tous les clichés, cette pathologie dévoile aujourd’hui ses mystères.
Réveille-toi !
S’il est déconseillé de sortir une personne somnambule de sa torpeur, c’est pour ne pas l’effrayer. «Un somnambule qui se réveille brutalement risque d’être très confus, désorienté, à tel point qu’il pourrait se croire menacé et se montrer violent», explique le Dr Haba Rubio, spécialiste en neurologie, qui rappelle que «le somnambulisme est une parasomnie», au même titre que les terreurs nocturnes. Si vous ne voulez pas vous retrouver avec un œil au beurre noir, mieux vaut «parler avec douceur et raccompagner la personne calmement jusqu’à son lit». En revanche, en cas de danger, il est impératif d’agir avec davantage de fermeté. Si le dormeur se trouve dans les escaliers ou au bord d’une fenêtre, par exemple…
Qui est somnambule ?
Le somnambulisme affecte surtout les enfants de 8 à 10 ans. Certaines études ont identifié jusqu’à 20 % de têtes blondes somnambules. Cette proportion diminue chez les adolescents puis jusqu’à l’âge adulte. «Il est très rare que l’on devienne somnambule sans l’avoir été enfant», précise le Dr Haba Rubio. Pire : ce trouble serait héréditaire ! «Lorsque l’un des deux parents a connu des épisodes de somnambulisme, le taux d’enfants concernés atteint 47,7 % et ce chiffre passe à 61,5 % si les deux parents l’ont été.» Le stress, la fièvre, le manque de sommeil, le bruit ou l’alcool sont autant de facteurs qui amplifient le phénomène. Que se passe-t-il dans le cerveau ? Les chercheurs évoquent un «éveil dissocié» : «Le somnambule est bien endormi, dans une phase de sommeil profond, mais une petite partie de son cerveau se réveille.» Ce qui lui permet de s’asseoir, se promener, aller chercher un verre d’eau et, dans de rares cas, cuisiner ou conduire une voiture. Sans aucun souvenir, ou presque, de ses péripéties noctambules.
C’est grave docteur ?
La plupart des crises sont bénignes et n’engendrent pas de conséquences particulières, si ce n’est un état de somnolence lorsqu’elles sont régulières, soit plus d’une fois par semaine. Il est alors important de consulter son médecin qui pourra vous orienter vers un spécialiste du sommeil. Cependant, s’il y a risque de blessure, sur soi ou sur autrui, il est impératif de sécuriser la zone du somnambule : fermer les portes et fenêtres, éviter les lits superposés, cacher les objets dangereux… Notez que le somnambulisme fait partie des motifs de réformation du service militaire. Puisqu’il exige de dormir dans des endroits non familiers – propices au trouble – et à proximité d’armes ! Avis à celles et ceux qui rêvaient d’une carrière dans l’armée : il faut savoir changer son fusil d’épaule, si on ne veut pas passer l’arme à gauche.
Histoires à dormir debout
Quelquefois, le trouble du sommeil peut servir d’alibi. Citons le cas de Kenneth James Parks. En 1987, ce Canadien est acquitté après avoir tué ses beaux-parents lors d’un accès de somnambulisme. Chez nous aussi, à Nivelles, un étudiant a été gracié en 2021 à la suite des sept coups de couteau portés à l’encontre de son colocataire endormi. La défense a prétexté le somnambulisme, la justice belge a tranché !
Cet article est paru dans le Télépro du 18/1/2024
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