Quand Madame sort ses griffes
Affronter un animal féroce n’est pas une mince affaire. Mais chez certaines espèces, se mesurer à Madame est encore plus risqué. Coup de projecteur sur ces femelles à qui il ne vaut mieux pas faire sortir les griffes !
Girl Power
Chez les hyènes tachetées, ce sont les femelles qui font la loi. Souvent présentées comme des modèles de puissance et de pugnacité, ces carnivores sont généralement plus lourdes que les mâles. Mais ces charognards d’Afrique subsaharienne présentent une particularité surprenante. Les femelles possèdent un pseudo-pénis et un pseudo-scrotum qui rendent très difficile la différenciation entre mâles et femelles.
Mais ce n’est pas seulement parce qu’elles sont plus fortes, plus agressives que les mâles et qu’elles accèdent en priorité à la nourriture que mesdames les hyènes tachetées mènent leur meute par le bout du museau ! Une étude du Hyena Project dirigée en collaboration avec l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier a récemment montré qu’elles dominent les mâles car elles peuvent compter sur un soutien social plus important. En effet, les mâles sont plus susceptibles de quitter leur groupe natal pour en rejoindre un autre, rompant ainsi les liens sociaux avec leur famille.
En cas de conflit, c’est l’individu qui peut compter sur le plus grand nombre de supporters qui sortira gagnant, indépendamment de son gabarit ou de son sexe. D’après les chercheurs, ce qui prime en réalité, ce sont les liens. Société népotique, les hyènes vouent un soutien inéluctable aux leurs face aux éléments immigrants, souvent masculins.
Belles à mourir
Lorsqu’il s’agit de perpétuer leur espèce, pour certains mâles, c’est une question de vie ou de mort… Et pour les abeilles, certaines araignées et les souris marsupiales, c’est plutôt la mort. Ces espèces pratiquant une «reproduction suicidaire», les mâles trépassent une fois leur union consommée. Si les gonades des abeilles explosent après fécondation, les souris marsupiales mâles, elles, restent sur le carreau, épuisées par quatorze heures d’amour avec différentes futures mères.
La palme de la cruauté revient aux araignées. Il n’y a pas que les veuves noires qui transforment leur amant en casse-croûte. Chez les argiopes, le mâle s’approche avec précaution de la femelle, aménageant la toile pour s’assurer une issue de secours en cas de danger.
Malgré tout, il arrive souvent qu’une fois fécondée, la femelle prenne littéralement le pauvre malheureux dans ses filets, tissant rapidement une toile autour de lui pour le dévorer plus tard, en cas de fringale. Le cas de la mante religieuse est le plus connu. Celle-ci a le don de faire perdre la tête à son Jules, plus petit qu’elle. Si la scène ressemble à un baiser, l’amante a en réalité la fâcheuse habitude de dévorer la tête de son prétendant, qui poursuit pourtant jusqu’au bout, même étêté, son devoir conjugal.
Allo maman bobo !
Peu importe sa taille ou son adversaire, une mère sera prête à tout pour protéger la chair de sa chair. En 2015, une vidéo montrant cet instinct de protection maternelle a fait le tour du Web. On y voit une lapine se jeter sur un serpent qui entoure ses lapereaux, prêt à les dévorer. Les petits libérés, maman lapin n’entend pas en rester là. Chaque fois que le reptile tente de s’enfuir, elle le poursuit et l’attaque.
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De la même manière, loin de l’image de l’attendrissante peluche, une maman ourse entrera dans une rage folle si elle perçoit une menace pour ses petits. Qu’il s’agisse d’un promeneur qui se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment ou d’un mâle hostile, elle n’hésitera pas à le poursuivre pour mettre sa progéniture en sécurité.
Les infanticides étant courants chez les lions d’Asie, les femelles ont mis au point une ingénieuse technique pour éviter de perdre leurs loupiots. Comme les lions adultes tuent souvent les lionceaux dont ils n’ont pas l’impression d’être le père, pour pouvoir féconder leur mère, les lionnes ont pris l’habitude de s’accoupler avec des mâles de plusieurs clans, brouillant ainsi les liens de paternité. Avec succès.
Tueuse en série
Quel est l’animal le plus dangereux au monde ? Certains représentent une vraie menace pour l’homme. Qu’il s’agisse des plus effrayants, mais pourtant pas des plus mortels, comme le requin ou le loup (une dizaine de morts par an), ou de ceux qui causent de véritables ravages, comme le serpent (environ 100.000 morts par an) ou le scorpion (5.000 décès chaque année), aucun n’arrive à la cheville, ou plutôt à l’aile, du moustique.
Vecteur de maladies mortelles, il tue entre 800.000 et 2 millions de personnes par an. Ou plutôt elle tue, puisque chez ces mini vampires, il n’y a que la femelle qui pique. Le plus grand tueur du monde animal est donc… une tueuse !
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 26/12/2019
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