Quand la nature fait blob !
Ni animal, ni plante, ni champignon, le blob est un organisme vivant dont l’étude passionne les chercheurs. Ce samedi à 22h30, Arte propose une formidable enquête sur cette drôle de créature.
En 1958, dans le film «Danger planétaire», Steve McQueen voit «le blob» semer le chaos dans une bourgade de Pennsylvanie. Entre la gloutonne substance gélatineuse venue de l’espace imaginée pour le cinéma et les organismes unicellulaires appartenant à l’espèce des myxomycètes – auxquels le sobriquet de «blob» a, depuis, été attribué -, les points communs sont pourtant ténus.
Sur toute la planète !
Réparti un peu partout dans la nature sur la planète, Physarum polycephalum, de son nom scientifique, fait partie des plus anciennes formes de vie primitive apparues sur Terre il y a près d’un milliard d’années. Principalement adapté aux zones boisées humides, le blob a pour seuls ennemis la sécheresse et la lumière. Si, dans son environnement, rassasié de ses mets favoris – bactéries, levures et autres champignons -, il ne menace pas d’engloutir rageusement tout ce qui l’entoure comme dans le film, il peut chaque jour doubler de taille pour atteindre jusqu’à une dizaine de mètres carrés. Quasi immortel, il entre en hibernation dès que les conditions extérieures ne lui conviennent pas, mais est capable de se «réveiller» des années plus tard, dès qu’elles sont redevenues viables.
Fort comme un blob
Être dépourvu de système nerveux central n’empêche pas le blob d’élaborer des stratégies intelligentes. Dans son laboratoire de l’université Paul-Sabatier à Toulouse, la chercheuse du CNRS Audrey Dussutour (*) a mitonné pour lui trente-cinq recettes d’une sorte de flan à base de flocons d’avoine présentant chacun un ratio différent protéines/sucre. Après quelques tâtonnements, il s’est montré capable de repérer le dosage à même de maximiser sa croissance. Mieux : lorsqu’aucun flan proposé ne remplit à lui seul cette mission, il se sustente en combinant deux recettes imparfaites, l’une trop sucrée et l’autre trop protéinée, par exemple. À l’université d’Hokkaido, le professeur Nakagaki l’a soumis de son côté au test du labyrinthe, habituellement réservé aux animaux. Ayant placé des flocons d’avoine à l’entrée et à la sortie du dédale, il a pu observer la capacité du blob à relier les deux sources de nourriture en ayant identifié (sans voir, puisqu’il n’a pas non plus d’yeux) le plus court chemin, et ce après avoir éliminé les trajectoires inefficientes. Plus fort encore : si on fusionne deux blobs, la nouvelle créature se trouve augmentée du savoir de chacun !
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 19/3/2020
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