Quand la mer menace les villes
Les estimations des scientifiques du monde entier sont alarmantes : d’ici 2100, la montée des eaux varierait entre 50 cm et 2 mètres selon les côtes. 90 % des villes côtières dans le monde sont concernées. Mais la menace est multiple.
Tempêtes dévastatrices, pluies diluviennes, montée inexorable des eaux, érosion… Les mégalopoles côtières sont désormais au pied du mur. À New York, Rotterdam ou Singapour, des ingénieurs, architectes, géographes ou biologistes ont entamé une course contre la montre face aux éléments. Car ce ne sont pas moins de 800 millions de personnes qui sont concernées par la montée des eaux dans le monde. New York, Rotterdam et Singapour, situées sur trois continents, sont chacune confrontées à des problématiques singulières. Le documentaire diffusé mercredi à 23h20 dans «Matière grise» (La Une) expose le rapport que ces trois villes entretiennent avec l’eau depuis l’origine. À court et moyen termes, des batailles peuvent être gagnées mais, sans un changement majeur de paradigme, à long terme, une partie de la population des villes côtières n’aura d’autre choix que de fuir face à l’océan.
Big Apple on the Water
Après l’ouragan Sandy en 2012, New York a lancé plusieurs grands programmes pour tenter de se protéger des assauts de l’océan. Le premier est une alliance entre architecture et résilience. Baptisé le Big U, il allie technologie de pointe, végétalisation et aires de loisirs inondables. Mais les New-Yorkais ont également lancé un projet résilient à plus long terme, le «Projet aux milliards d’huîtres», qui constitue des récifs d’huîtres pour recréer un brise-lame. Un autre projet encore plus futuriste est en train de voir le jour, Oceanix : une ville entièrement construite sur l’eau au coût abordable et qui pourra être proposée aux pays en voie de développement.
Moteur de sable
À Rotterdam, on compose avec l’eau depuis le Moyen Âge. La ville est une référence mondiale dans la recherche de solutions contre la montée des flots. Des projets innovants favorisent l’autosuffisance et la résilience : ainsi le «Moteur de sable» qui permet de lutter contre l’érosion des côtes, ou l’argile liquide transformée pour renforcer les digues. Mais les conséquences actuelles et à venir du réchauffement climatique la forcent à se renouveler encore afin de préparer l’avenir. Des scientifiques tirent la sonnette d’alarme : faudra-t-il fermer la mer du Nord pour préserver les côtes des pays frontaliers ? Un projet aux coûts financier et écologique exorbitants.
En voie de disparition ?
Singapour, minuscule île-État, doit faire face à une élévation bien supérieure du niveau de la mer qu’en d’autres points du globe en raison de la fonte des glaciers et de sa position sur l’équateur. Elle risque tout simplement de disparaître. Son barrage ultramoderne unique au monde, le Marina Barrage, protège la ville tout en recueillant l’eau douce cruciale à son existence. Alors que Singapour continue de gagner des territoires sur la mer, elle investit massivement dans la replantation de mangroves. Des scientifiques étudient la capacité de cette mangrove à se réimplanter sur un territoire dévasté par la culture intensive de crevettes.
Cet article est paru dans le Télépro du 21/3/2024
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