Quand Hitler et les SS prenaient des otages VIP
À la fin de la guerre, Hitler a voulu garder sous la main quelques prestigieux prisonniers. Dont la Famille royale belge.
6 juin 1944. Quelques heures après le Débarquement en Normandie, Hitler décide de déporter la Famille royale belge en Allemagne. L’opération n’est pas improvisée. Alors qu’il sent le vent de la guerre tourner, le Führer se constitue une réserve d’otages VIP. Sans doute espère-t-il les utiliser pour négocier avec les Alliés…
Ce mardi à 20h50 sur Arte, le docufiction «Nous, otages des SS» revient sur cet épisode de la Seconde Guerre mondiale.
Prisonnier à Laeken
C’est au château de Laeken que Léopold III a vécu les quatre premières années de la guerre. En effet, le 28 mai 1940, après avoir ordonné la reddition du pays, le Roi refuse de suivre le gouvernement en exil. Tout comme son père en 1914, il préfère rester sur le territoire national. À cela près qu’Albert était aux côtés des troupes sur le front, alors que Léopold est assigné à résidence par l’occupant. Il jouit cependant d’une certaine liberté puisqu’il a l’occasion de rencontrer Lilian Baels, de lui faire un enfant et de l’épouser.
Léopold sait cependant qu’il risque d’être déporté. En janvier 1944, il juge donc bon de rédiger son testament politique, qu’il signe «Léopold, Roi des Belges, prisonnier au château de Laeken». Il y justifie sa présence sur le sol belge : «Le territoire se trouvant au pouvoir de l’envahisseur, il importait que le Chef de l’État n’en sortît qu’emmené de force par le vainqueur.» Et il pressent sa déportation : «Il pourrait advenir que l’autorité allemande m’impose une nouvelle résidence et cette fois hors du Royaume.»
Nom de code : Elbe
Le 6 juin 1944 sur le coup de 20 heures, Léopold apprend que son départ est prévu pour le lendemain. La décision a été prise par Hitler, relayée par Himmler et communiquée dans la journée à la Gestapo de Bruxelles. Nom de code : Elbe. Le 7 juin au petit matin, Léopold est embarqué sous bonne escorte. Il passera une première nuit à Luxembourg et une seconde à Weimar avant d’arriver à destination, au château de Hirschstein. C’est une ancienne forteresse bâtie au bord de l’Elbe, dans la région de Dresde, à l’est de l’Allemagne.
Lilian et les enfants (Joséphine-Charlotte, Baudouin, Albert et Alexandre) sont d’abord assignés à résidence au château de Ciergnon, en Ardenne. Ils rejoindront Hirschstein quelques jours plus tard. En Belgique, une partie de la population s’inquiète pour le souverain et les petits princes, l’autre crie au coup monté du Roi pour tenter de redorer son blason.
Le spectre du Tsar
Léopold III et les siens sont confinés à Hirschstein jusqu’en mars 1945. Face à la progression des Alliés, les Allemands décident ensuite de les transférer dans la région de Salzbourg, en Autriche. Certains craignent le pire. Et si la Famille royale belge finissait massacrée comme jadis celle du tsar de Russie ?
Elle sera finalement libérée par l’armée américaine le 7 mai 1945. Mais le retour en Belgique ne sera pas pour tout de suite… Après sa libération, la Famille royale s’installa en Suisse, où elle vécut jusqu’en 1950, attendant que se règle la «question royale»…
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 3/12/2020
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