Quand Darwin arrive en ville !

Plus claires que leurs congénères, les araignées urbaines tissent aussi des toiles plus fines, s’adaptant ainsi l’absence de grosses proies comme les libellules ou les criquets... © Getty Images

La théorie de l’évolution de Charles Darwin a été formulée en 1859. En 2022, elle est toujours d’actualité. Et observable sous nos yeux, dans nos villes…

Savez-vous que certains oiseaux placent leurs noix sur la route pour que les voitures les ouvrent en les écrasant ? Ou que les pissenlits des villes épandent leurs graines moins loin que ceux des champs ? La théorie de l’évolution suggère que toutes les espèces vivantes sont en perpétuelle transformation et subissent, au fil du temps, des modifications morphologiques ou génétiques.

Mais contrairement à ce que pensait Darwin, ces modifications s’affirment parfois à l’échelle d’une décennie, au lieu de plusieurs siècles. Surtout en ville, dans l’intensité de la vie urbaine. Comment la nature s’adapte-t-elle ? Réponse samedi à 23h10 sur Arte, dans «Darwin à la ville».

Les villes, terrain d’étude inépuisable

Les villes constituent un des plus grands terrains d’observation et d’expérience au monde pour les chercheurs qui tentent de comprendre l’évolution des espèces animales et végétales. Comment s’opèrent les mutations génétiques ? Comment s’adaptent la faune et la flore pour survivre dans un environnement urbain, dominé par l’homme ?

À Central Park, par exemple, les souris ont développé un appareil digestif approprié à l’absorption de restes de nourriture humaine. Dans le sud de la France, à Albi, les silures, poissons d’eau douce, présentent de nouvelles techniques de chasse pour attraper les pigeons barbotant le long des rives du Tarn.

Du zinc dans les plumes

Le milieu urbain représente un risque et une opportunité pour la biodiversité. Les «pigeons biset», très présents dans les villes, subissent les conséquences directes d’une exposition à la pollution : couvée plus petite et problème de fertilité. Pourtant, ils s’y sont adaptés. Grâce à la mélanine, pigment naturel connu pour donner la couleur de la peau chez les humains.

Lors de la croissance du plumage des pigeons, la mélanine capte certains métaux lourds dus à la pollution, comme le zinc, qu’elle empêche de passer dans le sang et d’altérer leur santé. Ceux qui bénéficient d’un taux élevé de mélanine survivent donc plus facilement dans un milieu pollué que les autres. Et se reproduisent davantage. Ceci explique pourquoi les pigeons aux teintes plus sombres sont les plus nombreux dans la rue.

Entre urbain et humain

La ville influence le fonctionnement des êtres vivants, mais aussi des végétaux qui s’y acclimatent. Dans nos régions, les bourgeons de certains d’entre eux peuvent s’ouvrir jusqu’à dix jours plus tôt que prévu dans les quartiers où il fait plus chaud. Une différence de température moyenne de 2 degrés entre une zone urbaine et une zone rurale provoque un décalage de deux semaines dans la floraison du lierre. Même constat pour les graminées ou les mimosas, profitant de l’absence du gel dans certaines villes chaudes. Darwin n’en reviendrait pas !

En constante évolution

En 1859, Darwin postule que l’évolution peut faire apparaître ou disparaître différentes espèces, selon une échelle de temps variable. Notamment via le mécanisme de sélection naturelle. Au début du XXe siècle, sa théorie est renforcée par l’apparition de la génétique. La découverte de l’ADN et de sa structure en double hélice ajoute de nouvelles pièces au puzzle des concepts darwiniens. De nos jours, la théorie de l’évolution s’alimente encore régulièrement grâce aux progrès scientifiques. «L’évolution» – et sa théorie – est plus un processus continu qu’un phénomène figé.

Texte : Laurick AYOUB

Cet article est paru dans le Télépro du 17/3/2022

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