Psychologie : bienvenue aux émotions négatives !

Les émotions sont indispensables © Getty

Dès notre plus jeune âge, on nous fait comprendre que piquer une colère n’est pas acceptable. Plus tard, on nous exhorte à voir le verre à moitié plein en toutes circonstances et la peur est encore parfois perçue comme un signe de faiblesse.

Pour être bien dans ses baskets, est-il indispensable d’être toujours guilleret ? Faut-il enfouir nos émotions négatives au fin fond de nous-même ? Ne seraient-elles pas plutôt indispensables ?

Vendredi à 17h10 sur Arte, «Xenius» ouvre la boîte de Pandore : cet après-midi, on laisse éclater les cris, les larmes et la pétoche !

Émo… quoi ?

Avant toute chose, qu’est-ce qu’une émotion ? Il s’agit d’une réaction spontanée à une situation qui peut entraîner des manifestations physiques ou psychologiques. Contrairement aux sentiments, qui sont un état affectif durable, les émotions sont normalement plus brèves.

L’Américain Paul Ekman, l’un des plus éminents psychologues du XXe siècle, dénombre six émotions de base, innées et interculturelles : la colère, la tristesse, la peur, la surprise, le dégoût et la joie.

Devrions-nous nier l’existence d’une partie de ces sentiments que nous sommes conditionnés à ressentir ? Certainement pas ! Bien qu’être jovial soit socialement plus apprécié qu’être le ronchon de service, il est important de laisser une place à notre négativité. Car en plus d’être naturelles, ces émotions sont utiles !

Pas de panique !

Bien plus que normale, la peur est nécessaire. Face à une situation de danger, notre cerveau s’active. Si nous commençons généralement par nous pétrifier, notre cœur bat ensuite plus vite, nos sens sont en alerte et nos muscles se réveillent. Nous sommes prêts à réagir et deux options s’offrent à nous : fuir ou combattre.

Sans que l’on ait besoin de se retrouver dans une situation qui mette réellement notre vie en danger, ressentir la peur indique qu’il est nécessaire d’agir pour se protéger !

Un moteur

Paul Ekman l’affirme : «La colère n’aurait pas été préservée au cours de l’évolution de notre espèce si elle nous était intrinsèquement nocive.» En effet, lorsque nous sommes heureux, nous n’avons aucune volonté de changer.

Au contraire, la colère peut être un moteur. Elle se manifeste en cas de sentiment d’injustice ou d’échec et nous pousse à tout mettre en œuvre pour remédier à cette situation. La fureur nous entraîne à nous indigner et à défendre nos intérêts. Les militants pour le climat ne sont-ils pas en colère ?

Mais lorsqu’on n’a pas appris à canaliser sa rage, celle-ci peut s’exprimer sous une forme pathologique. Sur le site Psychologies.com, Gonzague Masquelier, psychothérapeute, en distingue quatre formes : la colère étouffée (nous sommes incapables de nous défendre), la colère rétro-réfléchie (nous retournons notre colère contre nous-même), la colère défléchie (nous dévions notre colère de son vrai but vers quelqu’un d’autre), la colère hypertrophiée (la colère est excessive et pousse à la violence).

Pas jojo !

Chagrin, mélancolie, vague à l’âme… Personne n’aime se sentir triste. Pourtant, il s’agit d’une émotion indispensable (tant qu’elle est passagère) qui répond à une situation de manque. En cas de deuil, de décès, de divorce, de dispute ou de solitude, notre cerveau nous communique un besoin affectif qu’il est nécessaire de combler.

Refouler sa tristesse ne la fait pas disparaître, au contraire, elle risque de réapparaître plus tard, plus violemment. Si cette émotion est naturelle et légitime, il s’agit peut-être de celle qu’on a le plus tendance à cacher. Or pleurer est la réaction émotionnelle qui suscite le plus facilement la compassion et donc l’affection dont on a besoin. Les larmes permettent aussi de libérer le corps de ses tensions et de retrouver un sentiment de bien-être.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 14/5/2020

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