Précieuses abeilles !
Ce jeudi à 19h50 sur RTL-TVI, «Tout s’explique» s’inquiète de la disparition des abeilles, ces travailleuses de l’ombre responsables de la pollinisation de la majorité des plantes et des arbres fruitiers.
Le plus vieux rucher
Au Maroc, à 82 km au nord d’Agadir, se trouve le petit village d’Inzerki. Ce dernier abrite un monumental rucher, considéré comme le plus ancien et le plus grand rucher collectif traditionnel au monde. Si sa forme actuelle date de 1850, il semblerait que le rucher, transmis d’une génération à l’autre au fil de son existence, accueille des colonies d’abeilles depuis le XVIe siècle.
Le rucher d’Inzerki est construit en terre et en bois sur cinq niveaux compartimentés en cases de dimensions égales. À l’intérieur des cases sont disposées les ruches cylindriques en roseaux tressés, enveloppées de terre mélangée à de la bouse de vache. Bénéficiant d’un long ensoleillement, le site dispose d’un environnement riche en végétation mellifère (genévrier, acacia, arganier, lavande, thym…). Récemment inscrit au patrimoine national, le rucher est lui aussi frappé par la mortalité des abeilles. Le changement climatique et la sécheresse que connaît le Maroc ont précipité la disparition de nombreuses colonies.
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Tradition ancestrale
Le 8 septembre dernier, la reine d’Angleterre, Elizabeth II, a poussé son dernier souffle. Si la nouvelle a rapidement fait le tour de la planète, les abeilles du palais de Buckingham et de Clarence House ont, elles, été personnellement informées ! Et ce, en raison d’une tradition très sérieuse outre-Manche qui veut que l’ensemble du royaume soit informé de la nouvelle, y compris les insectes.
Ainsi, John Chapple, l’apiculteur royal, s’est chargé de la mission au lendemain de la disparition de la célèbre Queen. Dans le Daily Mail, il a raconté : «Je drape les ruches avec un ruban noir et un nœud. On frappe sur chaque ruche avant de dire : «La maîtresse est morte, mais ne partez pas. Votre nouveau maître sera bon avec vous.»»
La légende raconte que si les abeilles ne sont pas informées des événements importants de la vie de leurs propriétaires (comme les naissances, les mariages ou les décès), elles s’arrêtent de produire du miel ou se laissent mourir.
Trésor méconnu
Au Brésil, le miel des abeilles natives («méliponides») est de plus en plus recherché dans la cuisine gastronomique, mais aussi dans l’industrie pharmaceutique ou les cosmétiques. La particularité de ces espèces en voie d’extinction est qu’elles sont dépourvues de dard et cohabitent sans problème avec l’homme.
Jatai, uruçu, mandaçaia, mandaguari… Sur les 550 espèces d’abeilles sans dard identifiées dans le monde – toujours dans des pays tropicaux ou subtropicaux -, 250 ont été trouvées au Brésil, où elles sont encore peu connues. Leur miel, connu depuis longtemps des tribus indigènes, est considéré comme plus pur et plus sain (il a un faible indice glycémique). Il commence à intéresser différents secteurs. Mais il est plus coûteux et recherché que celui des abeilles avec dard, qui produisent jusqu’à trente fois plus.
En fait, les abeilles natives ont été oubliées lors de la colonisation des Amériques. Les jésuites auraient introduit les abeilles africaines, plus recherchées au début du XIXe siècle en raison de leur cire épaisse permettant de fabriquer des bougies. Contrairement à celles-ci, les méliponides ne vont pas se nourrir de déchets alimentaires contenant du sucre, mais seulement sur les arbres indigènes.
Une abeille des mers ?
On le sait depuis longtemps, les abeilles, comme d’autres insectes, pollinisent, sur terre, les plantes à fleurs. Jusqu’à tout récemment, on pensait le phénomène de la pollinisation absent des milieux marins. Or une découverte vient chambouler nos connaissances sur le sujet. En effet, selon une équipe de chercheurs franco-chilienne, l’idotée, un petit crustacé marin de 8 mm en moyenne, joue un rôle majeur dans la reproduction des algues rouges, en transportant les gamètes mâles vers les algues femelles.
Fin juillet dernier, le crustacé, qualifié d’«abeille des mers» par le CNRS, a fait la couverture de la prestigieuse revue Science. Car cette découverte chez les algues rouges, vieilles de plus de 800 millions d’années, suggère que l’apparition de la fécondation par les animaux aurait pu survenir dans le milieu marin, bien avant la colonisation du milieu terrestre il y a 450 millions d’années.
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Armes de guerre ?
Depuis des millénaires, les différentes civilisations ont cultivé du miel. Et dès l’Antiquité, les abeilles ont même été utilisées comme… armes de guerre ! En effet, catapulter des ruches pleines d’abeilles dans les rangs ennemis était une technique efficace pour ralentir la progression de l’adversaire.
De même, le miel était, lui aussi, utilisé comme arme de guerre. Ainsi, Xénophon, historien et chef militaire grec, raconte qu’en 401 avant notre ère, son armée a été victime d’un empoisonnement au miel de rhododendron, toxique pour l’homme : «On voyait plus de soldats étendus sur la terre que si l’armée eût perdu une bataille, et la même consternation y régnait.»
Alors qu’ils traversaient des villages abandonnés dans le nord de la Turquie, ces soldats avaient dévoré des gâteaux au miel, dont ils ne s’étaient pas méfiés. Régulièrement envahis, les habitants de la région avaient pris l’habitude de récolter ce miel de rhododendron pour piéger les ennemis.
Cet article est paru dans le Télépro du 17/11/2022
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