Pour fouiller l’Histoire, les amphores font fort !
L’étude des fragments de ces contenants retrouvés par les archéologues leur permet de décrypter le commerce antique. Ce samedi à 18h15, le magazine «Faire l’Histoire» s’intéresse aux amphores.
«Qui suis-je ?», demande l’animateur. «Je suis utilisée par Astérix pour mettre KO un soldat romain.» Buzer. Réponse du candidat : «La potion magique !» L’animateur : «Il peut y avoir un rapport mais, non. Poursuivons : de forme ovoïde…»
Buzer. Candidat : «La gourde ?» Animateur : «Toujours pas. On continue : ma partie inférieure se termine généralement par une pointe ou un pied étroit. Souvent fabriquée en terre cuite, j’étais le récipient le plus utilisé dans l’Antiquité pour transporter ou stocker des denrées. Je suis, je suis…» Buzer. Candidat : «Une amphore ?» Animateur : «C’est ga-gné !» Générique de fin, emballé, c’est pesé…
L’Amphorologie
Emballer ? Peser ? Avec un contenant comme l’amphore, c’est presque «le cas de le dire» ! Comme l’explique le magazine «Faire l’histoire» (Arte, samedi à 18h15) qui a étudié cet objet, témoin de notre passé, et en révèle bien des facettes. Notamment qu’il a donné naissance à une discipline scientifique : l’amphorologie !
Ses recherches spécifiques permettent d’améliorer les connaissances archéologiques. «Non seulement pour la datation des couches dans les fouilles, mais aussi dans la détermination et l’appréciation des échanges commerciaux pratiqués», précise le professeur français d’archéologie byzantine Dominique Pieri sur le site HAL.archives-ouvertes.fr.
Tracing antique
L’amphore apparaît au Proche-Orient entre le IVe et le IIIe millénaire av. J.-C. Fabriquée à l’aide d’argile épurée, elle devient dans l’Antiquité le récipient le plus couramment utilisé pour le transport de produits très demandés comme le vin, la bière, l’huile d’olive et les sauces de poissons. Amphores grecques, romaines, à panse ovoïde élancée, disposant d’un col… : formes, tailles, décorations varient.
Sitôt vidée, sitôt jetée
Dans les années 1870, l’archéologue allemand Heinrich Dressel établit une liste de quarante-cinq types d’amphores de transport différentes. Elles ont toutefois au moins un point commun : elles sont à usage unique (les parois de terre cuite s’imprègnent de ce qu’elles ont contenu). En fonction de l’endroit où ils les retrouvent, les archéologues peuvent donc déterminer le chemin qu’elles ont suivi et, partant, les flux économiques et commerciaux d’une époque.
Un élément est essentiel pour permettre ce «tracing» : la présence de timbres amphoriques. Ces signes distinctifs, sortes de cachets imprimés dans l’argile et présents sur une partie des amphores retrouvées, permettent d’en déterminer, entre autres, l’origine, le lieu et la date de production.
Montagne d’infos
Si les amphores sont parfois réutilisées dans la construction après concassage ou comme cercueil pour une sépulture d’enfant, elles sont le plus souvent jetées après usage. La plus célèbre des décharges d’amphores est le Monte Testaccio, en français : le mont des tessons.
À côté des Sept collines sur lesquelles la Rome antique était bâtie, les Romains en ont construit une huitième : haute de 50 m, entièrement constituée des restes de 25 millions d’amphores, empilées en couches successives. Les décharges ont une valeur historique inestimable. Elles ont notamment permis d’établir que l’amphore avait servi de véritable «machine de guerre» aux Romains.
Dans son dossier «Archéologie du vin», l’Institut national français de recherches archéologiques préventives décrit l’amphore comme un outil de la conquête de la Gaule, une conquête économique avant d’être militaire. Chaque nouvelle amphore retrouvée détient une partie de l’histoire de cette conquête…
Cet article est paru dans le Télépro du 18/11/2021
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici