Poissons : les têtes des mers
Logique, émotions, conscience de soi… Aux côtés de scientifiques, Arte nous emmène samedi à 22h25 dans une exploration facétieuse de l’intelligence ichtyologique, avec le documentaire «Des poissons pas si cons ?».
Lorsque l’on parle d’intelligence et de sensibilité animale, les poissons sont généralement mis de côté. Une véritable injustice ! Car, si nous sommes prompts à nous émouvoir du sort de nos amis terrestres à quatre pattes, leurs homologues marins possèdent aussi d’étonnantes aptitudes. Tordons le cou à quelques idées reçues !
Le monde… de la cacophonie
Certes, les poissons n’ont pas de cordes vocales, mais ils ne sont pas muets pour la cause. Si baleines et dauphins sont connus pour rythmer la vie aquatique à coups de chants et de sifflements, nous savons moins que les poissons, eux aussi, participent à la grande chorale sous-marine. «La communauté scientifique a pourtant mis du temps à s’intéresser à ces manifestations sonores», indique Sciences et Avenir. «En 2004, une étude sur le bruit des bulles de harengs lors de la reproduction était ainsi raillée, au prétexte qu’il ne s’agissait là que de flatulences !»
Aujourd’hui, les ichtyologues (spécialistes de l’étude des poissons) ont fini de subir les quolibets et ont pu recenser plus de 1.500 sons destinés, en général, à attirer des femelles, indiquer leur présence, appeler des congénères ou marquer leur territoire. «La majorité des espèces emploient deux méthodes pour faire du bruit : soit en claquant leur mâchoire et leurs dents, comme le poisson-clown, soit avec leur vessie natatoire, tel le hareng», explique le Mag des Animaux. «Une poche d’air qui sert aussi à fabriquer des sons par la contraction des certains muscles qui l’entourent, faisant sortir une succession de petites bulles par la bouche ou l’anus.» Vous avez dit monde du silence Monsieur Cousteau ?
Mémoire d’éléphant des mers
C’est l’un des préjugés qui colle le plus aux écailles des poissons : ils n’auraient aucune mémoire. Depuis bien longtemps, cette idée reçue a pourtant été largement invalidée par la communauté scientifique. En 2011, des chercheurs ont tenté une expérience pavlovienne sur des poissons, en associant leur repas à un son précis durant vingt-huit jours. À la suite de ce conditionnement, les poissons se sont dirigés vers le distributeur de nourriture lorsque le son retentissait, et ce durant six mois, avant d’oublier à quoi il correspondait. Une aptitude qui dépasse donc largement les quelques secondes de mémorisation qu’on a tendance à attribuer aux poissons.
De son côté, Sébastien Moro, vulgarisateur scientifique spécialisé sur la question de l’intelligence animale et auteur de la BD «Les Paupières des poissons», détaille, dans son ouvrage, l’incroyable mémoire dont sont dotés, entre autres, les saumons. «Ces derniers sont capables de repérer, juste à l’odeur, le cours d’eau dans lequel ils sont nés et d’y revenir deux ans plus tard alors qu’ils n’y sont passés qu’une seule fois quand ils étaient petits.»
Plus fort qu’un singe !
À la question «Qui est le plus malin entre un singe et un poisson ?», votre réponse se porterait sans doute sur le premier. Les primates sont certes très doués pour jouer les premiers de la classe, il n’empêche qu’ils se font parfois battre par leurs congénères sous-marins, notamment lors d’un petit test orchestré par des scientifiques allemands, suisses et américains. Ces derniers ont présenté deux assiettes à des labres (petits poissons), des chimpanzés, des orangs-outans et des capucins. Si le sujet choisissait l’assiette bleue, la seconde, rouge, lui était alors retirée. S’il opérait le choix inverse, il pouvait conserver les deux plats. Au bout de quarante-cinq essais, les labres ont compris l’astuce, contre cent pour deux chimpanzés, les autres ayant tout simplement raté le test.
Cet article est paru dans le Télépro du 23/11/2023
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