Pierre de Coubertin, Monsieur «JO»

Pierre de Coubertin © France 2/Kysayang

En 1894, le baron parisien relance l’idée de l’antique compétition sportive. Cent trente ans plus tard, les Jeux olympiques modernes reviennent à la maison paternelle.

«L’important, c’est de participer». Peut-être (c’est mon cas) cette phrase vous est-elle venue à l’esprit, face à vos parents, le jour du bulletin scolaire. Ironie du sort, cette même citation m’est revenue tel un boomerang comme thème de rédaction aux examens de 6e primaire.

Cette année-là, les Jeux olympiques allaient se dérouler à Munich et l’instituteur avait sans doute décidé de se la jouer «dans le vent». C’est que, nous annonça-t-il, cette phrase avait été prononcée par le baron Pierre de Coubertin, l’homme qui avait relancé cet événement sportif international majeur. Mais était-elle vraiment de lui ? Mon instituteur «avait-il juste» ou méritait-il un zéro pointé ? Il n’a reçu sa note que des années plus tard.

À vos marques

776 avant J.-C. Des concours sportifs sont organisés en Grèce sur le site d’Olympie. C’est en tout cas la date des premiers écrits à leur sujet. Leur but : donner une unité aux différentes cités-États qui constituent le monde hellénique et sont continuellement en guerre. Ils sont organisés tous les quatre ans et portent le nom d’«Olympiade». Comme le rappelle le Comité international olympique, l’événement est tellement important qu’à l’époque, le temps ne se compte pas en années, mais en Olympiade. La tradition des Jeux olympiques antiques dure douze siècles. En 394, ils sont abolis et tombent dans l’oubli.

Prêts

23 juin 1884. Un jeune Français fait une annonce historique à Paris. Avec les représentants d’une dizaine d’autres pays (dont la Belgique), il vient de fonder le Comité international olympique (CIO). Les Jeux de l’ère moderne sont nés. Qui est donc cet orateur à la moustache épaisse ? Né le 1er janvier 1863 dans la Ville lumière, le baron Charles Pierre Fredy de Coubertin sait très vite ce qu’il veut faire de sa vie. L’armée ? La politique ? Contrairement à ce que sa famille souhaite, il n’y fera pas carrière. Ce qui l’intéresse ? L’histoire, les lettres, la sociologie et, par-dessus tout, la pédagogie. Il trouve le système éducatif français vieillot et dépassé. Les choses doivent changer.

Partez !

Ses voyages tant aux États-Unis qu’au Royaume-Uni, l’ont convaincu : le sport doit prendre plus de place dans l’éducation des jeunes. De plus, le baron (qui pratique l’aviron, la boxe, l’escrime, l’équitation et le tir au pistolet) est persuadé que pour rendre le sport plus populaire, il faut l’internationaliser. À 26 ans, il a l’idée de rétablir les Jeux olympiques.

À 29 ans, il annonce officiellement son projet d’une compétition modernisée et cosmopolite. À 31 ans, il proclame la naissance du CIO. Celui qu’on appelle aussi «le Rénovateur» a 33 ans lorsque son rêve devient réalité : à Athènes, du 6 au 15 avril 1896, les Jeux de la première olympiade voient s’affronter 241 athlètes dans 9 sports et 43 épreuves.

Et la célèbre citation du baron là-dedans ? Nous y voilà.

Plus vite, plus haut…

Lorsqu’il disparaît le 2 septembre 1937, Pierre de Coubertin lègue au monde un héritage qui a bien fructifié. Il comprend aussi la devise olympique : Citius, Altius, Fortius (Plus vite, plus haut, plus fort), à laquelle est ajoutée «- Communiter» (- Ensemble) en 2021. Une devise pour laquelle le baron s’est inspiré du discours prononcé par un dominicain en 1881.

Et «L’important c’est de participer» alors ? C’est un peu la même chose. Comme le précise un membre du Comité Coubertin sur France Bleu, elle vient de «L’important dans ces olympiades, c’est moins d’y gagner que d’y prendre part», prononcé par un archevêque lors d’une cérémonie pour les athlètes avant les JO de Londres en 1908. L’historien, pédagogue et scientifique français a mis la citation «à sa sauce» à l’occasion d’un dîner officiel : «Retenons, messieurs, cette forte parole : l’important dans la vie, ce n’est point le triomphe, mais le combat, ce n’est pas d’avoir vaincu, mais de s’être bien battu.»

Voilà les pendules remises à l’heure, cher instituteur. Mais au fond, cela, était-ce important ?

Cet article est paru dans le Télépro du 16/5/2024

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