Phobies en tout genre !

La peur des araignées (arachnophobie) est parmi les plus courantes © Getty Images
Stéphanie Breuer Journaliste

Les araignées, la foule, les serpents, l’avion… Qui n’a pas sa petite phobie ? Ce jeudi à 19h50 sur RTL-TVI, «Tout s’explique» s’intéresse à ces peurs disproportionnées et persistantes.

Origine grecque

Si la psychiatrie s’y intéresse à partir des années 1870, la phobie, une peur démesurée et irrationnelle, se manifeste déjà dans l’Antiquité. Son nom est issu du dieu Phobos, que les Grecs anciens honoraient afin de conjurer la peur de partir au combat. Fils d’Arès et d’Aphrodite et frère de Déimos, ce dieu était l’incarnation de la peur panique dans la mythologie grecque.

Symptômes variés

Si la peur est une émotion normale et utile pour la survie de l’être humain, la phobie peut être handicapante. Entre 10 et 20 % de la population (deux fois plus de femmes que d’hommes) en souffrent. Cette peur démesurée et irrationnelle face à certains objets, phénomènes ou situations s’inscrit dans la catégorie des troubles anxieux. Si l’individu parvient à surmonter sa peur, il n’y a pas de phobie au sens psychiatrique du terme. Une personne phobique va, tout d’abord, tout faire pour éviter de se retrouver face à l’objet de sa peur. Si c’est impossible, les symptômes peuvent alors se manifester sous différentes formes : augmentation du rythme cardiaque, respiration rapide, transpiration excessive, vertiges, bouffées de chaleur, troubles gastro-intestinaux… Ces symptômes peuvent aller jusqu’à provoquer un malaise ou une crise de panique.

Les plus courantes

Parmi les phobies les plus courantes, on retrouve notamment l’agoraphobie, soit la peur de la foule, ou la claustrophobie, la peur des petits espaces. La peur du vide se manifeste aussi chez beaucoup de personnes, elle s’appelle acrophobie. De même que la glossophobie, soit la peur de prendre la parole en public. Concernant les phobies animales, les plus fréquentes concernent les araignées (arachnophobie), les serpents (ophidiophobie) et les souris (musophobie). Dans un autre rayon, il est possible de souffrir d’émétophobie, soit la peur de vomir, ou de trypanophobie, soit la phobie des seringues, des aiguilles et des injections. Enfin, la peur de l’avion, l’aviophobie ou l’aérophobie, perturbe aussi la vie de nombreuses personnes.

La peur face à l’assiette

Pour la plupart des gens, passer à table est un acte naturel. Pour certaines personnes, c’est un vrai combat. En effet, il existe de nombreuses phobies alimentaires qui peuvent gâcher le quotidien et parfois mettre la santé en péril. Certaines phobies concernent des aliments en particulier : la créatophobie est la peur de consommer de la viande, la mycophobie est la peur de manger des champignons, la lachanophobie est la peur de manger des légumes… Les personnes souffrant de phagophobie, soit la peur de s’étouffer en avalant un aliment, préfèrent ne pas consommer d’aliments solides. Pour les dépnophobes, il est impossible de manger devant d’autres personnes. Enfin, plus courante et touchant essentiellement les enfants, la néophobie est la peur de manger de nouveaux aliments.

Incroyables phobies !

À côté des phobies les plus courantes, il existe des centaines de phobies étonnantes, comme la peur des poulets (alektorophobie), la peur du vendredi 13 (paraskevidékatriaphobie), la peur des chauves (alopophobie), la peur des nains de jardin à brouette (nanopabulophobie), la peur des nombrils (omphalophobie), la peur des trous (trypophobie)… Plutôt dans l’air du temps, la nomophobie est la peur d’être séparé de son téléphone portable. La plus difficile à prononcer revient sans doute à l’hippopotomonstrosesquippedaliophobie, soit la peur… des mots trop longs ! Ce mot de 36 lettres est formé de la contraction des mots «hippopotamus» (hippopotame), «monstruosus» (gigantesque), «sesquipedalis» (long d’un pied et demi) et «phobie» (peur). De son côté, le journaliste français Didier Rougeyron en a répertorié plusieurs centaines dans son «Dictionnaire insolite des phobies» (M+ Éditions). On y apprend ainsi qu’une personne qui a peur de rire souffre de cachophobie, celle qui a peur de traverser une rue est dromophobe, celle qui redoute la chute des satellites est kéraunothnétophobe. Enfin, la phobie ultime est sans doute la pantophobie, soit la peur de… tout !

Quand l’école fait peur

Entre 1 et 5 % des enfants en âge scolaire souffrent de phobie scolaire, aussi appelée refus scolaire anxieux. «Il s’agit d’une anxiété irrationnelle pouvant donner lieu à des crises d’angoisse, des crises de larmes, des symptômes physiques (nausées, difficultés à respirer, évanouissements…)», peut-on lire sur le site Internet de l’ASBL belge L’Anatole, groupe de soutien à ce trouble. «Elle se manifeste par une impossibilité physique et psychologique à se rendre dans le milieu scolaire.» Pourtant, les enfants concernés expriment leur désir de se rendre à l’école et ont souvent une grande soif d’apprendre. Si le terme de phobie scolaire apparaît déjà dans les années 1940, le phénomène existe au moins depuis la fin du XIXe siècle, selon les témoignages rapportés par différents psychiatres. Avec des causes variées, cette phobie touche différents profils : élèves souffrant de troubles d’apprentissage (dyspraxie, dyslexie, dysgraphie…), victimes de harcèlement, jeunes à haut potentiel, hypersensibles… Plus de renseignements sur www.lanatole.be.

Cet article est paru dans le Télépro du 26/1/2023

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