«Peu d’avancées en matière de droits de l’enfant»
Pour les 30 ans de la Déclaration des droits de l’enfant, Arte consacre une semaine à l’enfance, du samedi 16 au vendredi 22 novembre, à travers de nombreux documentaires.
Délégué général aux droits de l’enfant depuis 2008, Bernard De Vos (62 ans) est chargé de veiller à la bonne application de la Convention internationale des droits de l’enfant en Belgique. Et mine de rien, cet ancien éducateur de rue a du pain sur la planche !
À quoi ressemble l’une de vos journées ?
Par exemple, aujourd’hui, j’ai une journée calme qui peut être bousculée par l’actualité. J’ai démarré tôt avec du courrier, puis j’ai préparé mon intervention devant la Commission du Parlement sur le retour d’enfants retenus dans les camps de Syrie. Depuis janvier, il y a eu cinq enfants belges tués… J’ai ensuite rédigé la préface d’un bouquin écrit par la maman de deux ados morts en Syrie et j’ai donné une interview télé à Ans. De retour au bureau, avec ma collaboratrice, nous avons finalisé notre rapport d’activités annuel. Et en fin d’après-midi, je rencontre des jeunes. Ils savent qu’avec les maigres budgets dont je dispose, je soutiens assez souvent des initiatives issues de jeunes de quartiers populaires. Ils changent l’image d’«inutiles chroniques» qu’on leur colle souvent à la peau.
Au nom de l’enfant, votre fonction de délégué est très large…
Cela va de l’accueil de la petite enfance en crèches à la prise en charge de mineurs à la limite de la santé mentale, de la délinquance et du handicap. Notre institution est connectée à la réalité.
Quelles sont vos plus belles avancées ?
Je dois d’abord vous avouer que le bout de la lorgnette par lequel je regarde notre monde est toujours le pire. Je vois beaucoup plus de situations désespérées qu’heureuses. Objectivement, nous avons peu d’avancées en matière de droits de l’enfant. Il y a celle des mineurs étrangers non accompagnés et non demandeurs d’asile. Sept ans plus tôt, ils n’étaient pas accueillis. Désormais, ils ne sont plus laissés en rue. Du côté de l’enseignement, il y a eu certains progrès que nous retrouvons partiellement dans le pacte d’excellence. Mais je dénonce régulièrement l’envoi massif d’enfants sans handicap dans des écoles spécialisées parce que leurs parents ont un retard culturel. C’est une honte véritable. En alternance avec la France, nous revendiquons la première place du classement des pays les plus inégalitaires en matière d’enseignement. Nous sommes aussi toujours en retard sur les questions de violence éducative. N’oublions pas les conséquences de la pauvreté sur les enfants dont les parents ont dû faire un choix entre les sandwiches jusqu’à la fin du mois et l’achat de lunettes.
Votre nouveau rapport reviendra-t-il sur la faiblesse des structures d’accueil de la petite enfance ?
Ce dossier me tient fort à cœur. Lorsque des enfants entrent à la maternelle sans avoir accès à la crèche, nous nous retrouvons face aux mêmes inégalités sociales. La communauté scientifique insiste sur les mille premiers jours de la vie d’un enfant. Nous nous situons un peu au-dessus de la moyenne européenne pour les places en crèche, mais de façon inégale. Louvain-la-Neuve a 60 % de taux de couverture tandis que Molenbeek-Saint-Jean affiche 17 %. Quand on ouvre une crèche, on ne dépense pas d’argent. Beaucoup d’économistes mettent en évidence le fait que 1 € investi avant trois ans, c’est entre 4 et 7 € gagnés avant les 18 ans parce qu’il ne faut pas mettre en place une série de systèmes de réparation.
Programmation spéciale sur Arte :
Samedi 16 novembre
Les enfants jockeys de Sumbawa à 17.50
Square artiste – Carte blanche à Sara Giraudeau à 0.55
Court-circuit n° 959 – Spécial enfance à 1.25
Zéro de conduite à 2.20
Dimanche 17 novembre
ARTE Junior à 8.00
Slumdog Millionaire à 20.55
Enfants du hasard à 22.50
Les Thomaner – Une année avec la maîtrise
de l’église Saint-Thomas de Leipzig à 23.50
Lundi 18 novembre
Boyhood à 20.55
Anbessa – Lion à 23.35
Mardi 19 novembre
Djihadistes de père en fils à 20.50
Une enfance à l’extrême droite à 22.30
Les enfants perdus de Daech à 0.00
Mercredi 20 novembre
Charlie & Louise à 13.35
Sibérie, l’école à la maison chez les Dolganes à 15.35
Jeux interdits à 20.55
Le Kid à 22.20
Oleg, une enfance en guerre à 23.15
Jeudi 21 novembre
Spartacus et Cassandra à 1.05
Vendredi 22 novembre
Jack à 20.55
Et aussi des éditions spéciales d’ARTE Journal junior, d’ARTE Junior, le mag et d’ARTE Reportage.
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