Perseverance, une année sur Mars 

L’espoir de découvrir une trace de vie sur Mars renaît aujourd’hui avec la mission Perseverance. Ce nouveau Rover de la NASA, avec à son bord un arsenal technologique de pointe, va tenter d’exhumer les traces d’une vie bactérienne ancienne aujourd’hui éteinte. © LGB prod

Perseverance, astromobile conçue par la Nasa, explore Mars depuis 2021 afin d’y trouver des traces de vie passée. Un documentaire a suivi les douze premiers mois de cette conquête martienne. À voir samedi sur Arte.

Le rover Curiosity, qui explore Mars depuis 2012, a permis de confirmer que de l’eau liquide avait un jour coulé à sa surface. Perseverance, astromobile conçue par la Nasa, le rejoint en février 2021. Objectif : le cratère Jezero, un ancien lac où gisent des sédiments contenant peut-être des traces anciennes de vie microbienne. Astrophysicien à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (*), le Français Sylvestre Maurice a participé à la conception de l’engin.

Comment décririez-vous votre travail d’astrophysicien ?

J’étudie la composition de la surface des planètes pour découvrir leur histoire : celle de leur formation et de leur évolution. J’ai voyagé sur Saturne, Mercure, Jupiter, la Lune et sur Mars. J’ai d’abord travaillé sur des instruments d’observation orbitaux, puis sur des rovers qui explorent la planète in situ : Curiosity, en activité depuis 2012, et Perseverance, qui l’a rejoint en 2021, pour lequel nous avons créé SuperCam, un outil permettant de visualiser et de collecter des données sur le sol de Mars.

Combien d’astromobiles se trouvent actuellement sur Mars ?

Il y a trois robots mobiles (Curiosity, Perseverance et Zhurong, lancé par l’agence spatiale chinoise) et un fixe (InSight), qui observe et étudie les tremblements de terre. Un autre rover, conçu en collaboration avec la Russie, devait être lancé cette année, mais l’opération a été annulée en raison de l’actualité géopolitique.

Quelle avancée représente Perseverance dans l’exploration martienne ?

Chaque projet s’avère unique. À travers Curiosity, l’ambition était de démontrer que Mars avait été, un jour, une planète habitable. Avec Perseverance, il s’agit de trouver des traces de vie enregistrées dans le sol. À chaque étape, nous mettons en œuvre des technologies plus complexes. Ces technologies existent, mais le défi consiste à les consolider pour les adapter aux contraintes martiennes : l’absence de pression, les températures glaciales, les radiations… Le défi est aussi humain : Perseverance, c’est une équipe de trois cents personnes en France et un budget de 2,7 millions d’euros, qu’il faut tenir dans un délai donné.

À quoi ressemble le quotidien de votre équipe ?

Nous travaillons en alternance avec les équipes de la Nasa, une semaine sur Curiosity, une semaine sur Perseverance. Nous avons des doubles vies : chercheurs terrestres et opérateurs martiens. Chaque jour, nous faisons rouler nos robots pour explorer de nouveaux paysages, à plus de 400 millions de kilomètres de la Terre. Avec l’angoisse constante des incidents que peut rencontrer une technologie pourtant si sophistiquée. Arrivera un jour où nos robots ne nous rappelleront plus.

En quoi consiste la prochaine étape ?

Le retour sur Terre des échantillons que Perseverance est en train de collecter (ndlr, programmé, en principe, pour 2031). Mais faire décoller une fusée de Mars représente un immense défi. Y parviendra-t-on ? On s’en donne les moyens, mais on ne peut être sûr de rien. Nous sommes des artisans, nous travaillons sur des prototypes, avançant pas à pas. Nous avons réussi à aller sur Mars. En revenir, c’est une autre histoire…

Entretien : Jonathan LENNUYEUX-COMNÈNE

© AFP

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