Paul Gauguin, l’autre Finistère
Si l’on associe volontiers Paul Gauguin à la Polynésie et à la Martinique, le peintre français a également développé une partie de son inspiration au contact de la Bretagne. Ce dimanche à 22h45, France 5 évoque cette facette dans «Une maison, un(e) artiste».
Artiste voyageur, naviguant entre Paris, Copenhague, les îles polynésiennes et la Martinique, Paul Gauguin est aussi passé par la Bretagne. Comment ce lieu et ses habitants ont-ils influencé le travail de l’un des postimpressionnistes français les plus renommés ?
J’aime plus Paris
Au milieu des années 1880, Paul Gauguin n’en peut plus de Paris, il lui est impossible de vivre de son art et il abhorre son travail alimentaire en tant qu’agent de change. Sans le sou, il quitte la capitale française, laissant femme et enfants derrière lui, et met le cap sur le Finistère. Dans un premier temps, il pose ses bagages à Pont-Aven. Si Gauguin choisit la Bretagne, c’est bien sûr pour son coût plus abordable que Paris mais, au fil de ses séjours en Armorique, le peintre s’est aussi pris d’une réelle affection pour les lieux. «J’aime la Bretagne, j’y trouve le sauvage, le primitif», confie-t-il à son collègue impressionniste, Émile Schuffenecker. «Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j’entends le ton sourd, mat et puissant que je cherche en peinture.»
Inspirante Marie-Poupée
En 1888, Gauguin quitte Pont-Aven pour rejoindre Van Gogh à Arles. Les deux hommes ambitionnent alors de créer une communauté artistique. Malheureusement, le duo ne fonctionne pas. Une terrible dispute éclate entre les deux génies, elle se soldera par une oreille (auto)coupée pour Van Gogh et un départ de Gauguin des terres provençales moins d’un mois après son arrivée. De retour à Pont-Aven, l’élève de Camille Pissarro découvre, excédé, que les lieux sont devenus prisés par la foule. Une effervescence qu’il ne supporte pas.
«Quand le capitaine des douanes Jacob lui fait découvrir Le Pouldu, peu fréquenté par les artistes, Gauguin tombe sous le charme. Il décide de s’installer dans une auberge tenue par une certaine Marie Henry», détaille Le Télégramme.
La Buvette de la Plage est parfaite pour les maigres finances du peintre et, pour ne rien gâcher, la tenancière est une beauté que l’on surnomme Marie-Poupée. Au cœur de la Buvette, les artistes présents, outre Gauguin, Meijer de Haan, Paul Sérusier et Charles Filiger, ne s’astreignent pas uniquement à leur art. On y boit beaucoup et on se dispute les faveurs de la belle patronne. «Elle sera finalement l’amante de Meijer de Haan, au grand dam de Gauguin, jaloux», relate Ouest France. «De son union avec le peintre hollandais, Marie aura une fille, Ida.»
Décorateurs prestigieux
Durant l’hiver de leur séjour, les peintres présents chez Marie-Poupée ont trop froid pour sortir pinceaux et chevalets. Alors ils décorent tout ce qu’ils peuvent à l’intérieur de la Buvette : murs, plafond, portes et vitres de la salle à manger. En 1891, en proie à la déprime et voyant son ami Meijer de Haan claquer la porte de la Buvette, Gauguin n’a plus le cœur à la Bretagne. Plus endetté qu’à son arrivée, il quitte finalement Le Pouldu pour Tahiti. «En 1893, Marie Henry met en gérance la Buvette. En gage des paiements des loyers, elle emporte avec elle toutes les œuvres laissées par Gauguin. La Buvette de la Plage est vendue en 1911», ajoute Le Télégramme. «Elle connaîtra, ensuite, plusieurs propriétaires qui, à chaque fois, la transformeront. En 1924, un artisan découvre des peintures sous plusieurs couches de papier peint. Celles de Gauguin. « L’Oie » et « Jeanne d’Arc » seront achetées par des peintres américains de passage.»
Cet article est paru dans le Télépro du 11/7/2024
À visiter
En 1989, à l’occasion du centenaire de l’arrivée de Gauguin au Pouldu, la commune a entrepris de reconstituer la Buvette de la Plage à quelques mètres de l’originale. En 2010, le lieu est définitivement devenu «La Maison-Musée du Pouldu, sur les traces de Gauguin.»
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