Patrimoine : au fil de la Belgique cistercienne
Dimanche à 16h55, Arte entame un tour d’Europe sur les traces de l’ordre millénaire des Cisterciens. Focus sur notre Royaume.
Tout part de Cluny, dans le sud de la Bourgogne. Il faut magnifier Dieu. Comment ? En lui offrant les splendeurs d’une architecture sans retenue, où toutes les lignes verticales sont encouragées. Mais où demeure encore l’authenticité du message chrétien ? Le véritable renouveau vient du moine Robert de Molesme qui fonde en 1098, au sud de Dijon, l’abbaye de Cîteaux.
Retour aux sources
Il s’agit, pour contrer les excès d’un christianisme débridé, d’en revenir aux fondamentaux de la règle de saint Benoît, à savoir l’ascétisme, la prière, le travail, notamment au service du développement d’un patrimoine architectural plus sobre. Parmi les plus fortes personnalités qui ont marqué l’ordre des Cisterciens, nul doute que Bernard de Clairvaux est le plus charismatique. Et même s’il n’en est pas le fondateur, on lui reconnaît d’en être le véritable père spirituel.
Un grand rôle dans l’Église
Les Cisterciens jouent un rôle considérable au sein de l’Église jusqu’à la Révolution française qui verra disparaître un certain nombre de leurs abbayes. Néanmoins, aujourd’hui, il existe encore des établissements cisterciens appartenant soit à la Commune observance rassemblant 1.600 moines et plus de 800 moniales, soit à l’Ordre cistercien de la Commune observance avec ses 3.000 moines et ses 1.875 moniales. Ceux-ci sont plus communément appelés Trappistes et Trappistines, car ils sont directement issus de la réforme de l’abbaye de la Trappe fondée au XIe siècle et toujours en activité aujourd’hui.
En Belgique
La Belgique n’a pas échappé aux créations d’abbayes inspirées directement par les Cisterciens dont la règle se répandit très vite chez nous. Les citer nous est impossible dans ce cadre. Nous n’en retiendrons que quelques-unes disparues, ou pas, dont le nom évoque encore de très beaux témoins architecturaux, à moins qu’il ne se réfère à des produits de bouche ou de soif. Fromages et bières font souvent bon ménage avec l’élévation de la prière… N’oublions jamais que de tout temps, les moines et moniales ont eu à cœur de subvenir en toute autonomie à leurs besoins. Si ce n’est plus le cas de cette manière dans une économie ouverte et sociétale, ils pourvoient toujours aux leurs et souvent à ceux des autres, en gérant leur communauté comme une véritable entreprise moderne.
Les plus connues
Dans la région bruxelloise, une abbaye marque les esprits des promeneurs, celle de La Cambre, occupée par les Cisterciennes de 1201 à 1796, et dont on peut encore remarquer le très bel ensemble architectural. En Brabant wallon, comment ne pas souligner les ruines particulièrement romantiques de l’abbaye de Villers-la-Ville, que dessina Victor Hugo, propices à des représentations estivales. En Hainaut, nul doute que l’abbaye Notre-Dame de Scourmont, mieux connue encore par la bière trappiste de Chimay, mérite le détour. Sans oublier pour autant les Trappistines de Soleilmont et bien entendu, les charmes de l’abbaye ruinée d’Aulne.
En province de Liège, il ne reste plus habitées que l’abbaye Notre-Dame de Brialmont, qui accueille des Trappistines depuis 1975, et l’abbaye de Val Notre-Dame à Wanze. Mais les très beaux bâtiments de l’abbaye du Val-Saint-Lambert ne peuvent être ignorés. Dans le Luxembourg, et toujours en pleine activité, notamment brassicole, l’abbaye Notre-Dame d’Orval, malgré une interruption entre 1793 et 1926. Et enfin, dans la province de Namur et réputée pour les mêmes raisons, l’abbaye Notre-Dame de Saint-Rémy de Rochefort. Bien entendu si vous franchissez la frontière linguistique et poussez la porte des communautés religieuses, elles aussi très actives, vous aurez la surprise de découvrir du côté de Vleteren, en Flandre-Occidentale, la meilleure bière du monde !
Texte : Hervé Gérard
Cet article est paru dans le Télépro du 7/4/2022
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