Pasteur : la rage de guérir
À la fois maison de villégiature, lieu de vie et espace de travail, sa demeure d’Arbois (Jura) livre quelques secrets sur l’homme de science.
Né au début du XIX e siècle, à Dole dans le Jura, Louis Pasteur (1822- 1895) est l’un des scientifiques les plus célèbres de tous les temps. Une notoriété qu’il connut de son vivant en mettant notamment au point le vaccin contre la rage.
Morsures de chien
En juillet 1885, Joseph Meister, un Alsacien de 9 ans, se rend à l’école. Son chemin quotidien tourne au drame lorsqu’un chien l’attaque et le mord à quatorze reprises. L’animal semble devenu fou et s’en prend aussi à son maître. Les gendarmes l’abattent, le soupçonnant fortement d’avoir contracté la rage, alors maladie mortelle et incurable pour l’homme. C’est inéluctable, Joseph va mourir. Sa mère, qui a entendu parler d’un chimiste parisien vaccinant des chiens enragés, prend la direction de la capitale. Elle y trouve Pasteur. Depuis huit ans, il expérimente un vaccin antirabique sur des animaux. «Pasteur était très ému, il n’avait jamais expérimenté son vaccin autrement que sur les animaux», confiait Joseph adulte, en 1939. «Mais ma mère insista, faisant valoir que, étant condamné, je n’avais rien à craindre. On pouvait essayer sur moi le seul traitement existant.»
Maison refuge
En tout, Pasteur administre vingt-et-une piqûres sous la peau du ventre du garçon avec, à chaque nouvelle dose, une concentration plus forte du virus. Le 27 juillet, Joseph et sa mère rentrent en Alsace, mais il faut encore patienter une dizaine de jours pour savoir si le résultat est probant ou non. Louis Pasteur, terrorisé à l’idée d’un échec, se réfugie dans son Jura natal, entre les murs de sa maison d’Arbois. «Les risques étaient immenses, la dernière injection faite au petit Joseph contenait le virus vivant de la rage», détaille France Culture. La bonne nouvelle tombe enfin, Joseph n’a pas la rage ! «L’histoire fait le tour du monde et les dons affluent. Un centre spécialisé sur le vaccin est créé : l’Institut Pasteur. L’année suivante, 350 personnes sont vaccinées contre la rage.»
Château de la Cuisance
Un havre de paix et de travail, ainsi fut la demeure d’Arbois pour Louis Pasteur. C’est en 1830 que la famille Pasteur s’installe dans cette bâtisse au bord de la rivière Cuisance. Le père Pasteur y installe sa Tannerie et Louis y vit jusqu’à ses 17 ans. Ensuite, il en hérite, avec sa sœur, en 1865. Rapidement, il rachète la maison mitoyenne et se plaît à nommer l’ensemble «son château de Cuisance». Le savant y fait aménager un grand laboratoire où il travaille sur la pasteurisation et sur les maladies du vin. Passionné d’œnologie, le scientifique avait acheté les vignes du clos des Rosières, en 1874.
En 1937, plus de quarante ans après la mort de Louis Pasteur en 1895, la maison fut classée monument historique. Elle est aujourd’hui un musée à la mémoire du grand chercheur.
Cet article est paru dans le Télépro du 26/08/2021.
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