Parthénon : un trésor (épar)pillé !
D’importantes parties de cette perle antique furent volées au XIXe siècle, puis disséminées. Certaines ont été restituées, mais d’autres restent «prisonnières» du British Museum. Ce dimanche à 17h50, Arte diffuse le documentaire «L’Acropole, le pillage d’un symbole».
Érigé à Athènes sur le plateau de l’Acropole, entre 447 et 432 avant notre ère – une période de triomphe artistique et militaire -, le temple dédié à la déesse Athéna Parthénos a été la proie de convoitises étrangères. Dont celles du diplomate britannique Thomas Bruce, comte d’Elgin, qui en a «rapatrié» de gros morceaux à Londres où ils sont encore exposés à ce jour. Ceci pose la question de la préservation de vestiges appartenant désormais au patrimoine mondial. Et de la place de l’art en diplomatie.
Au voleur !
Envoyé en Grèce fin 1799, Lord Elgin eut pour mission initiale de renforcer les liens avec le sultan Selim III, alors que les Ottomans régnaient sur le berceau de la civilisation occidentale. Et de créer des moulages d’éléments architecturaux locaux. Mais le Comte décida de s’emparer directement des pièces les plus fascinantes ! Doté d’une autorisation du sultan, il les démantela avec son équipe en juillet 1801, emportant sculptures, statues, marbres, 156 plaques de la frise du Parthénon, un fronton représentant la naissance d’Athéna… Ce butin placé en son domaine fut ensuite exposé au British Museum.
Depuis lors, des pourparlers opposent Grecs et Britanniques, les premiers priant les autres de leur rendre cette part de leur Histoire, les seconds refusant et arguant que «l’exportation» repose sur un papier officiel. De mémoire de spécialiste ès art, cette dispute est la plus notoire au monde. Même l’Unesco s’en est mêlé. Le plus récent débat est en cours depuis 2021, avec une pression supplémentaire depuis que d’autre musées – au Bénin, en Italie, au Vatican – ont accepté de restituer leurs parts. Mais celles restées en Angleterre sont considérés comme emblématiques de l’impérialisme britannique.
Importance émotionnelle
Cependant, un interview du directeur adjoint du British Museum, paru dans le Sunday Times en 2022, a marqué les esprits. L’homme se dit sûr que «de nouvelles façons de travailler avec les Grecs pourraient être trouvées» et souhaite «un partenariat actif». L’auteure de l’entrevue, Sarah Baxter, explique : «Frappée par une réplique en 3D de l’arche de Palmyre (Syrie) exposée à Trafalgar Square, j’ai pensé : Londres a-t-elle besoin d’avoir des originaux grecs, vu leur importance émotionnelle et symbolique pour leur pays d’origine ?» Les lecteurs du Sunday Times ont voté à 78 % en faveur du retour des objets du Parthénon en Grèce.
Sarah Baxter observe : «Outre-Manche, on aime souligner un peu cyniquement qu’ils ne pourront jamais être totalement réunis car seuls 30 % sont conservés à Londres et à Athènes, le reste ayant été perdu.» Mais elle conclut en disant tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : «C’est une situation absurde d’avoir, disons, la tête d’un guerrier à Londres et son torse à Athènes. Autant que la moitié de la Joconde en France et l’autre en Italie ! Les arguments des Anglais semblent très creux au sujet de joyaux qui font partie intégrante du Parthénon depuis près de 2.500 ans ! » Indeed (en effet)…
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