Papa aussi attend famille

La fameuse «couvade» ne se manifeste plus seulement par une prise de poids, de nouvelles études démontrent des modifications au niveau cérébral © Getty Images

Quand maman est enceinte, papa n’est pas loin de l’être aussi. Changements hormonaux, psychiques, neuronaux : même son bidou à lui peut s’arrondir ! Ce samedi à 23h30, Arte diffuse le documentaire «Paternité : que dit la science ?».

Des fraises en plein hiver ? L’envie lui est venue, presque tout de suite, le jour où la nouvelle est tombée. Depuis lors, un ravier de survie squatte en permanence le frigo, au cas où une fringale surviendrait… Les chips au pickles ? Impossible de savoir à quoi est du ce désir subit d’en grignoter. À bien y réfléchir, cela pourrait être concomitant avec l’histoire des fraises… Peut-être pas juste le jour où ils sont sortis de chez le gynécologue avec la confirmation officielle de leur futur parentalité, mais quelques semaines plus tard. Elle le sucré, lui le salé. Elle qui le dit à la cantonade, tout sourire. Lui qui le cache, un peu honteux, en mode «plaisir solitaire». Depuis qu’il sait qu’il va être père, il ne se sent plus le même. Et il n’est pas le seul dans la situation à vivre cela.

La couvade

En anglais, le phénomène s’appelle «sympathetic pregnancy». En français, les expressions «grossesse sympathique», «compatissante» ou «nerveuse» sont le plus souvent utilisées pour désigner le syndrome de la couvade. «Les hommes (ou les femmes) dont la compagne attend un enfant peuvent présenter des troubles anxieux et dépressifs qui se manifestent par différents symptômes physiques et psychologiques», explique Santé magazine. Ils concerneraient un nombre non négligeable d’individus : «Aux États-Unis, le phénomène toucherait de 25 à 52 % des pères, et plus particulièrement ceux qui attendent un premier bébé», précise le site québécois Naître et Grandir.

Comme maman

Envies alimentaires, nausées, vomissements, acidités gastriques ne sont pas l’apanage des femmes enceintes. Leurs compagnons peuvent ressentir les mêmes troubles. Ceux-ci sont autant de manifestations psychosomatiques par lesquelles le syndrome se manifeste. Prise de poids, fatigue, maux de dos, douleurs abdominales ou troubles de l’humeur peuvent aussi être constatés. «Généralement à la fin du premier trimestre», décrit Passeport santé, «puis ils s’atténuent durant le second trimestre avant de souvent connaître un pic en fin de grossesse». Plusieurs études ont montré des fluctuations hormonales chez certains futurs papas. L’hormone prolactine par exemple, responsable des montées de lait, peut augmenter aussi chez les pères en même temps que chez les mères. Quant à la testostérone, elle diminue chez les hommes au cours de la grossesse et peu après la naissance. Cette chute hormonale amplifie l’effet de la dopamine et de l’ocytocine, des hormones participant à la création des liens affectifs.

Nouvelle découverte

Anxiété de devenir père, de devoir gérer l’arrivée du nouveau-né ou d’être délaissé par la mère, envie d’attirer l’attention ou de manifester son empathie pour la personne enceinte : l’origine profonde du syndrome est à l’image du nombre de ses manifestations : multiple. Une nouvelle étude menée en Espagne et en Californie sur une quarantaine de futurs et jeunes pères a permis une nouvelle avancée dans le domaine. «Nous avons trouvé plusieurs changements significatifs dans le cerveau des pères du prénatal au post-partum qui n’ont pas émergé chez les hommes sans enfant suivis au cours de la même période», concluent les scientifiques. Ces changements sont apparus dans des régions du cortex qui contribuent au traitement visuel, à la vigilance et à l’empathie envers le bébé. L’étude constate aussi que ces changements sont d’autant plus marqués que le congé de paternité est long. Les changements cérébraux sont-ils la conséquence du temps passé à s’occuper de l’enfant ou, au contraire, sont-ils à l’origine du surcroit d’attention porté au bébé ? La question reste ouverte.

Cet article est paru dans le Télépro du 2/2/2023

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