Palynologie : ils font parler le pollen
Quand les scientifiques reconstituent les paysages grâce à l’infiniment petit.
Elle s’appelle la palynologie. Littéralement : l’étude de la poussière. À la frontière entre l’archéologie, la botanique et la géologie, cette science possède son territoire bien à elle. En observant les grains de pollens et les spores retrouvés dans la terre, les scientifiques sont en mesure de dire qu’à telle époque, le terrain qu’ils étudient était recouvert par tel arbre ou par telle fougère.
De façon plus locale, ils sont même capables de préciser l’endroit du village où se trouvait le potager ou la réserve de grains. Comme le résume le portail de vulgarisation scientifique Futura, «les pollens et spores fossiles racontent l’histoire de l’environnement». Une histoire qui peut remonter à plusieurs centaines de milliers d’années.
Ce vendredi à 17h45 sur Arte, le magazine «Xenius» met en lumière cette science méconnue.
Sur le terrain
Vêtus de leur veste jaune insubmersible, chaussés de bottes, les deux chercheurs s’avancent sous la pluie en direction de la tourbière. Ils viennent de quitter le chantier des fouilles où des archéologues s’affairent autour des vestiges d’un village. Ce n’est pas retrouver des céramiques anciennes où des fondations d’habitations qui attise l’intérêt de nos deux protagonistes. Munis d’un long tube creux en métal, ils enfoncent profondément celui-ci dans le sol et effectuent ce qu’on appelle un carottage. Ils retirent avec précaution l’échantillon qu’ils viennent de prélever.
L’objet de leurs recherches s’y trouve peut-être. Il est souvent infiniment petit, quelques dizaines de microns à peine. En réalité, il s’agit de pollens que le vent, l’eau ou des animaux ont transportés. Comme le précise l’Institut national français de recherches archéologiques préventives (INRA), l’essentiel des pollens retrouvés est d’origine locale «fossilisés, piégés dans les couches successives de sédiments». Pour retracer l’évolution de l’environnement végétal du site investigué, direction le laboratoire.
La terre qui parle
C’est ici que le palynologue va pouvoir véritablement vérifier la valeur du matériel qu’il vient de prélever. Les yeux rivés sur le microscope, il observe. L’échantillon est nettoyé, le sable, l’argile, les racines… éliminés. Ne subsistent que les spores et les pollens fossilisés. À l’informatique de jouer.
Le programme permet d’établir un diagramme pollinique. Maïs, lin, châtaignier, couvert forestier… : les vestiges microscopiques retrouvés permettent alors d’imaginer le paysage végétal de la zone étudiée, comment le climat y a évolué et dans quelle mesure l’homme a marqué le paysage.
«Dès le Néolithique, la diminution des pourcentages de pollens d’arbres traduit les premières déforestations dues à l’homme», note l’INRA. Traces de céréales, témoins lointains d’une activité agricole, traces d’orties, favorisées par les déjections de bétail laissant imaginer la présence d’élevages… La palynologie fait parler la terre et nous livrent ses secrets enfouis.
Cet article est paru dans le Télépro du 6/5/2021
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