Palmyre : la restauration après la destruction

Image extraite du documentaire à voir ce jeudi soir sur France 5 © France 5/Windfall Films Ltd

En 2015, la cité syrienne devient le symbole des destructions de l’État islamique contre le patrimoine. Près de deux mille ans d’histoire sont réduits en poussière. L’heure est à la reconstruction… Ce jeudi à 21h05, France 5 diffuse « Palmyre, à la croisée des mondes ».

Fondée au Ier siècle avant J.-C., Palmyre devient une ville prospère grâce à sa position stratégique sur les routes commerciales reliant l’Empire romain à la Perse, l’Inde et la Chine. Les caravanes transportant des épices, de la soie et autres marchandises précieuses font halte dans cette oasis, contribuant à son développement.

Perle du désert

Intégrée à l’Empire romain, la ville atteint son apogée aux IIe et IIIe siècles, devenant un centre culturel et économique majeur. Ses monuments les plus célèbres, comme le temple de Bêl, le théâtre et les colonnades, témoignent de cette période de prospérité.

L’une des figures les plus emblématiques de Palmyre, la reine Zénobie (240- v. 275), défie l’autorité romaine et étend son royaume jusqu’à l’Égypte et l’Anatolie. Mais son règne est de courte durée : la souveraine est capturée par les Romains en 272. Après sa disparition, Palmyre décline progressivement. La ville est partiellement détruite par les Sassanides (venus de Perse) au IIIe siècle, puis par les Arabes au VIIe siècle. Elle n’est redécouverte par les explorateurs européens qu’au XVIIe siècle.

Symbole de tolérance

Palmyre est un modèle de syncrétisme. La pluralité des cultes s’y explique par son rôle de carrefour économique et culturel. C’est un point de rencontre où se mêlent Romains, Syriens, Mésopotamiens, tribus du désert… Il est donc logique que son patrimoine porte la marque de ces différentes civilisations.

La cité antique compte aussi un ingénieux labyrinthe de canalisations qui assure son approvisionnement en eau potable. Les « demeures de l’éternité » abritent les tombeaux des familles riches. Dans ces tours funéraires de plusieurs étages, des niches accueillent les corps momifiés. Les Palmyriens appliquent en effet des techniques de momification similaires à celles des Égyptiens, mais adaptées à leurs propres croyances.

Reconstruction

En 2015, Daech procède aux destructions qui indignent le monde entier. Les temples de Bêl et de Baalshamin sont rasés, des tours funéraires sont démolies, des statues, l‘arc de triomphe sont réduits en miettes… Le site était pourtant classé patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1980…

Après deux ans d’occupation, les terroristes sont chassés par le régime syrien et ses alliés russes. Les archéologues peuvent revenir. Il est temps de planifier la reconstruction du site. En 2017, l’Unesco engage notamment les experts parisiens d’Art Graphique et Patrimoine, qui ont participé à la restauration de Notre-Dame en numérisant sa structure. Ils scannent les vestiges du temple de Bêl afin de vérifier son intégrité structurelle. Les ingénieurs réalisent un modèle numérique des ruines et une visualisation détaillée du temple en 3D. La reconstruction des autres bâtiments sera planifiée avec la même technique.

Retour du tourisme ?

La restauration de Palmyre est un projet complexe et de longue haleine. « La facture pourrait s’élever à plusieurs dizaines de millions de dollars, mais qui aura capacité et volonté de payer une telle facture ? », écrit le journaliste et historien Matthieu Hoffstetter. « Traditionnel allié du président syrien Bachar al-Assad, le gouvernement russe pourrait intervenir. Des investisseurs privés et les autorités syriennes pourraient aussi être tentés de mettre la main à la poche. En raison du prestige qu’un tel chantier offrirait à ceux qui le financeraient. Mais aussi pour mieux mettre la main sur les recettes à venir le jour où le tourisme sera de retour… »

Cet article est paru dans le Télépro du 26/9/2024

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