Où sont passés les moineaux ?
Le moineau est l’un des oiseaux les plus communs au jardin. Sauf qu’il y est bien moins présent qu’avant.
Dimanche 5 juin, c’est la Journée mondiale de l’Environnement. Pour l’occasion, «Sur le front…» (France 5 à 20h55) s’intéresse aux oiseaux. «Où sont passés nos oiseaux ?», s’interroge Hugo Clément, l’animateur militant. On pense aux rapaces, aux cigognes, aux alouettes… Mais aussi à un oiseau parmi les plus communs : le moineau. Il tend imperceptiblement à disparaître de notre environnement.
Derrière les apparences
Un rouge-gorge, une mésange, un merle, une poignée de moineaux… Il suffit de passer quelques minutes au jardin ou dans un parc public pour entendre que ça gazouille, que ça piaille et que ça pépie de tous côtés. Surtout en cette saison.
Mais ne vous fiez pas aux apparences. La nature est bien plus silencieuse qu’avant… Chaque année, l’asbl Natagora organise un recensement des oiseaux de nos jardins. En janvier dernier, près de 23.000 personnes se sont prêtées au jeu à travers la Wallonie et Bruxelles. Résultat : la mésange charbonnière est l’oiseau le plus présent (dans 87 % des jardins), suivie du merle et du rouge-gorge. Le moineau n’arrive qu’en 7e position, derrière le pigeon.
Quand le moineau est présent, c’est en nombre (onze en moyenne) car il s’agit d’un animal grégaire. Mais il est de moins en moins présent… Chez Bruxelles Environnement, on estime que 96 % des moineaux domestiques ont disparu au cours des trente dernières années.
Des villes et des champs
Les chiffres belges ne font malheureusement que corroborer les statistiques européennes. Selon une étude publiée à l’automne dernier, l’Europe a perdu environ 600 millions d’oiseaux depuis 1980. «Un petit nombre d’espèces sont responsables d’une grande part des changements observés», précisent les chercheurs. «Le moineau domestique représente à lui seul une perte de 247 millions d’individus.»
Les spécialistes distinguent le moineau domestique du moineau friquet. Le moineau domestique est le plus commun, il vit aussi bien en ville que dans nos jardins. Le moineau friquet est davantage un moineau des champs. Il se distingue par sa calotte brune et une tache noire sur chaque joue. Le moineau friquet connaît un déclin encore plus important que son cousin domestique.
Qu’est-ce qui menace tant les moineaux ? D’abord une moindre disponibilité de la nourriture. Le moineau se nourrit principalement de graines et d’insectes. La rationalisation de l’agriculture, la disparition des haies, l’usage de pesticides… affectent son garde-manger.
Contre la vitre
Mais il y a sans doute d’autres causes. Certains évoquent le bruit. Dans le brouhaha de nos villes, la femelle ne parvient plus à entendre le mâle chanter, alors que c’est indispensable à la reproduction.
L’architecture est aussi mise en cause. On a tous ramassé un moineau venu se fracasser contre une vitre. En ville, où les hautes tours vitrées reflètent le ciel et les arbres, les oiseaux sont victimes de ce piège mortel en grand nombre.
Les moineaux ont aussi du mal à trouver où nicher. Ils s’installaient jadis dans les interstices des murs et des toits, mais on colmate désormais sans laisser le moindre trou…
«Si l’on continue à ce rythme», estime Hugo Clément, «même les oiseaux les plus communs, qui ont toujours évolué autour de nous et qui nous ont habitués avec leurs chants à l’environnement sonore que l’on connaît, disparaîtront.
La situation est plus qu’alarmante, car les oiseaux jouent un rôle fondamental dans la chaîne du vivant. C’est une espèce qui donne une indication sur l’état de santé des écosystèmes. Si les oiseaux vont mal, alors les écosystèmes aussi.»
Cet article est paru dans le Télépro du 2/6/2022
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