Où se cache notre intelligence ?
D’où vient notre intelligence ? Comment est-elle apparue ? Les réponses à ces questions se trouvent-elles dans cet organe de près d’1,5 kg qui occupe notre boîte crânienne ? Ou cachées entre deux gènes de notre ADN ?
Si personne ne s’est encore écrié «Eureka, voilà l’intelligence !», mercredi à 23.05 sur La Une, «Matière grise» présente des scientifiques qui se sont fixé une mission : identifier le tournant décisif, le moment clef de l’évolution qui a permis aux humains de devenir ce qu’ils sont aujourd’hui.
Le 14 avril 2003 s’est achevé le séquençage complet de l’ADN du génome humain, c’est-à-dire l’ensemble de l’information génétique humaine. Soit 20 à 25.000 gènes. Est-il possible que, parmi ceux-ci, se terre le gène de l’intelligence ? Des centaines de gènes sont apparus chez l’Homme depuis qu’il s’est différencié du singe, par duplication d’éléments préexistants. Certaines protéines ont ainsi acquis de nouvelles fonctions. Une étude publiée en 2012 par l’équipe de Franck Polleux, du Scripps Research Institute en Californie, met en évidence l’importance d’un gène uniquement présent chez les humains : SRGAP2C. Il permet aux cellules nerveuses d’amplifier le nombre de points de contact présents à leur surface. « Si on accroît le nombre total de connexions, on accroît probablement les capacités du réseau à traiter l’information. C’est comme augmenter le nombre de processeurs dans un ordinateur», explique Franck Polleux. Au même moment, des chercheurs de l’université de Washington estiment son apparition à environ 2,5 millions d’années, soit au moment de l’apparition de l’Homo habilis. L’homme habile est celui qui, le premier, a mis au point des outils en pierre.
Début 2014, des chercheurs du King’s College de Londres ont analysé l’ADN de plus de 1.500 adolescents et remarqué que ceux qui présentaient un variant d’un gène avaient un cortex plus fin dans l’hémisphère cérébral gauche. Ces mêmes jeunes avaient en général de moins bons résultats aux tests d’intelligence. L’équipe britannique affirme avoir identifié le gène NPTN, directement lié aux capacités intellectuelles, influençant l’épaisseur de la matière grise et la communication entre les cellules nerveuses.
Une fois notre premier cri poussé, les dés sont-ils déjà jetés ? La génétique a-t-elle déjà décidé si nous serions de petits génies ? Ou notre environnement aura-t-il un rôle à jouer ? Le monde scientifique est formel, nos performances cognitives dépendent autant de notre patrimoine génétique que de notre environnement. Les dés roulent donc, mais s’arrêtent sur la tranche ! Nombreuses sont les études ayant montré qu’il existait un rapport entre le niveau socioéconomique des parents et les performances cognitives des enfants. Les bambins évoluant dans un environnement social défavorisé auraient des résultats plus faibles à l’école. À cause du niveau d’éducation, mais pas seulement. Le stress, la nutrition ou le manque de disponibilité des parents ont également une influence.
Pour étudier l’intelligence, impossible de ne pas la mesurer. Malgré ses imperfections et, selon certains, sa vision réductrice, le QI est l’indicateur de performance le plus utilisé. Loin des tests que l’on peut réaliser à la va-vite sur Internet, il existe un test breveté qui comporte dix unités d’exercices nécessitant plusieurs heures et séances. Un véritable marathon pour nos méninges ! Alors que le QI moyen est de 100, Terence Tao, mathématicien australien de 44 ans, détient le record du plus gros QI de tous les temps. Il s’élève à… 230 ! Pour comparaison, celui d’Einstein est estimé à 160…
Texte : Juliette ROUSSEAU
Cet article est paru dans le Télépro du 16/01/2020
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici