Or : la guerre des épaves
Illustre métal, l’or est convoité depuis des millénaires. Aujourd’hui, de l’univers de la finance à la bijouterie en passant par les banques, il régente notre existence. Ce dimanche à 22h30, La Trois part à la découverte de «L’Or des grands fonds».
Il a paré les masques funéraires des pharaons d’Égypte, provoqué des ruées dans les rivières de Californie et fait toujours rêver les champions olympiques. L’or nous fascine depuis longtemps. Et s’il venait à manquer ? À l’instar d’autres ressources, il se murmure que l’homme aurait épuisé presque tout l’or du monde…
Rupture de stock
En quoi la disparition de l’or poserait-elle problème ? Hormis un déchirement pour les amoureux de la joaillerie, l’or est un métal particulièrement utile dans des secteurs comme l’électronique, la médecine et l’informatique. Les prévisions de la pénurie de l’or sont telles qu’il pourrait venir à manquer d’ici une quinzaine d’années.
Bien avant le pétrole, dont le tarissement total interviendrait dans un demi-siècle environ. «Le dernier rapport de l’agence géologique américaine (USGS) estime que les réserves mondiales d’or, celles encore enfouies, se situent autour de 54.000 tonnes», souligne Laurent Schwartz, directeur du Comptoir national de l’or, dans Capital. «Avec un rythme de production de 3.260 tonnes en 2018, le ratio « réserves sur production » est à 16,6 ! Les mines d’or seront donc probablement épuisées avant les champs de pétrole.»
Eldorado sous-marin
Contrairement au pétrole, l’or qui circule déjà peut constituer une réserve de secours. «Le stock utilisé par la bijouterie est gigantesque. Or, dès que les prix grimpent, il vient alimenter l’offre mondiale par le recyclage. C’est un mécanisme de compensation sur le marché», explique Christian Hocquard, économiste spécialiste des métaux, sur BFM TV. «La contraction de l’offre dans les prochaines années, par la raréfaction des mines d’or, devrait pousser le cours de l’or à la hausse – et donc inciter une partie du métal utilisé par la bijouterie à revenir sur le marché.»
Mais attendre sagement que les boîtes à bijoux se vident, très peu pour le monde de l’exploitation aurifère. Pour être proactif, plusieurs options : creuser plus profondément, exploiter de nouvelles contrées ou, plus original, plonger dans l’océan à la recherche de trésors sous-marins. Selon l’archéologie subaquatique, sur les trois millions d’épaves qui ont été englouties par les océans, trois mille cinq cent d’entre elles ont coulé avec leurs cargaisons de «métaux précieux». Résultat : il y aurait, à ce jour, plus d’or et d’argent au large des Bahamas qu’à la banque de Madrid.
Pirates modernes
Si les fonds marins regorgent réellement de mines d’or, qui peut légalement mettre la main sur le butin ? Les règles en la matière diffèrent fortement en fonction des pays. En France, par exemple, toutes les découvertes maritimes appartiennent à l’État.
Qu’importe la loi pour certains, la richesse des océans est trop attirante. De nouvelles sociétés d’exploitation d’épaves ont donc vu le jour, comme Odyssey Marine Exploration, un poids lourd américain du secteur. Leur réputation ne les a cependant pas prémunis d’un imbroglio international. En 2007, ces derniers récupèrent 500.000 pièces d’or et d’argent de l’épave de la Mercedes, un navire militaire espagnol coulé en 1804 par les Anglais au large de Gibraltar.
Une fois le butin récupéré, l’équipe d’Odyssey rapatrie le magot aux États-Unis. Mais le gouvernement espagnol l’apprend et s’en offusque. Au terme de cinq années de procès, la Cour suprême des États-Unis condamnera finalement Odyssey à restituer la totalité du trésor à l’Espagne. La décision se base sur un principe de droit américain : un navire, s’il est militaire, restera toujours la propriété du pays dont il bat pavillon.
Convention
En 2001, l’Unesco a adopté une convention pour éviter les chasses aux trésors et encourager les États à unir leurs forces pour protéger, gérer et valoriser le patrimoine culturel subaquatique commun de l’humanité.
Cet article est paru dans le Télépro du 7/4/2022
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