Odorat : quand l’émotion vous monte au nez !
L’odorat entretient un lien étroit avec nos émotions, tout comme avec notre mémoire. Il pourrait même influencer notre comportement…
C’est le plus primitif de nos cinq sens et certainement le plus méconnu. S’il est moins performant que celui des chats ou des requins, il nous permet pourtant de détecter des centaines de milliards d’odeurs différentes. Il joue aussi un rôle essentiel dans notre perception du goût et dans notre relation avec autrui. Il peut même faire remonter des souvenirs… Qui n’a jamais éprouvé du plaisir en sentant l’odeur de l’être aimé ou, à l’inverse, de l’appréhension pour une personne que l’on ne peut étrangement pas «sentir» ? Un parfum sucré peut nous rappeler les gâteaux de notre enfance ; des effluves désagréables provoquer de la répulsion. Ce mercredi à 23h15 sur La Une, le documentaire de «Matière Grise» sur La Une s’intéresse à la complexité de notre flair.
Les goûts et les odeurs
L’appréciation d’une odeur dépend des cultures. «En Europe, les gens adorent l’anis», explique Christophe Laudamiel, maître parfumeur. «Mais je n’envisagerais pas d’intégrer cet ingrédient à une fragrance en Amérique». «Les Nord-Américains aiment beaucoup la plante aromatique gaulthérie», qui leur rappelle un soda très apprécié. Une senteur impensable pour les Européens qui l’associeraient «à une odeur de pommade». La perception des arômes est propre à chaque individu et varie en fonction du vécu de chacun. «Prenons l’exemple du clou de girofle», propose Charles Sell, ex-chimiste chez Givaudan, fabricant d’arômes. «Je l’aime beaucoup car, quand j’étais petit, ma mère en mettait dans sa tarte aux pommes. Mais l’huile de giroflier est aussi utilisée par les dentistes, c’est pourquoi une personne qui a été traumatisée par des soins dentaires ne l’appréciera pas.» Cette réaction est à l’origine du célèbre effet «madeleine de Proust» correspondant à la réminiscence rapide d’un souvenir et de l’émotion associée sous l’impulsion d’une odeur.
Un déclencheur d’émotions
Mais comment expliquer le lien entre olfaction, émotion et mémoire ? Contrairement aux autres sens, l’odorat transmet les signaux olfactifs directement au système limbique, soit les parties primitives du cerveau responsables de la mémoire et des émotions. Une odeur est donc une information brute, sans filtre, qui s’impose à nous. Elle peut susciter une vive émotion avant même que nous sachions l’identifier. Et ce, dès le plus jeune âge. Un bébé en pleurs s’apaisera plus vite au contact de l’odeur de sa maman. Il est d’ailleurs souvent demandé aux jeunes parents d’apporter un doudou imprégné de leur odeur lors de l’entrée en crèche de leur bambin.
Manipulation olfactive
Les odeurs pourraient même influencer notre humeur, voire nos choix. C’est ce qu’a démontré une étude réalisée en 2012 à l’université d’Utrecht, aux Pays-Bas. Ainsi, l’odeur de la menthe poivrée et de l’eau de mer donnerait envie de danser et de s’amuser, la lavande et la vanille inviteraient à la détente, tandis que les agrumes procureraient de la joie. Plus surprenant : il serait possible de ressentir la peur d’un individu rien qu’à l’odeur de sa transpiration… Certaines odeurs seraient donc innées, d’autres acquises. C’est grâce à l’expérience olfactive, propre à chacun, que l’on va se construire une grammaire des odeurs tout au long de notre vie.
Bon à savoir
- Chaque individu a une odeur unique, telle une empreinte digitale.
- Au Japon, des entreprises diffusent des senteurs pour favoriser la concentration de leurs employés. –
- L’exposition prolongée à des odeurs désagréables peut nuire au nez. À bon entendeur…
- À partir de 50 ans, surtout chez les fumeurs (la cigarette agressant la muqueuse olfactive), l’odorat se dégrade.
- Il est possible d’améliorer son odorat en sentant les aliments avant de les ingérer et en associant les odeurs à une image ou un souvenir.
Cet article est paru dans le Télépro du 18/3/2021
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