Nous irons à Valparaíso
Ce samedi 17.05 sur Arte dans « GEO reportage », les funiculaires de «La Vallée du paradis» vous emmèneront au septième ciel.
Il suffit parfois de prononcer le nom de certains lieux de la planète et c’est parti ! Mon esprit s’envole. L’île de Pâques ? Le mystère. Bornéoou Zanzibar ? L’exotisme ? Houte-Si-Plou ? Non, pas Houte-Si-Plou… Je pourrais encore ajouter bien des endroits à ma liste et très vite, vous découvririez celui de Valparaíso. Pas que j’aie lu des tonnes de documents ou vu des milliers de documentaires à son sujet. Non. Pour qu’il occupe une place si particulière dans mon imaginaire, il a suffi d’une chansonnette qui a bercé mon enfance. À la télé, en noir et blanc, quatre barbus habillés en marins chantent gaillardement sur un bateau à voile : «Hardi, les gars, vire au guindeau, (…) Hourra, Oh Mexico, (…) Et nous irons à Valparaíso, (…) Hisse, hé, ho !». Parfum de corsaires, d’îles au trésor et de combats en mer… ce Valparaíso-là fleurait bon l’aventure. J’ignore pourquoi, mais il rimait aussi pour moi avec «sombrero». Un demi-siècle plus tard, profonde désillusion : sur les photos «cartes postales» de la ville, pas le moindre Mexicain basané un sombrero sur le nez. Et pour cause : Valparaíso, c’est au Chili !
Los ascensores
Qu’à cela ne tienne, Valparaíso la Chilienne me réservait une autre surprise : ses «ascensores». Traduisez : ses funiculaires. Créés il y a plus d’un siècle pour faciliter les transports dans la cité à flanc de colline, puis tombés en désuétude, ils sont aujourd’hui redevenus un des symboles de l’âge d’or de la ville portuaire. Petit rappel historique. À la fin du XIXe siècle, les bateaux qui naviguent entre l’océan Pacifique et l’océan Atlantique empruntent le détroit de Magellan pour passer de l’un à l’autre. L’escale au port de Valparaíso est un incontournable. Très vite, les habitations de la vallée ne suffisent plus à loger tout le monde. Les constructions à flanc de collines (elles sont une quarantaine) poussent comme des champignons. Pour permettre à la population de se déplacer, les autorités créent des funiculaires, reliant la ville basse à la ville haute.
Symbole de la ville
En 1914, la construction du canal de Panama s’achève. Elle sonne le glas de l’intérêt géostratégique du port chilien et de la période dorée de Valparaíso. Les marins partis, la ville ne danse plus. La rouille prend désormais la place des passagers dans les funiculaires. Usure, ennuis mécaniques : le nombre d’«ascensores» en activité se réduit comme peau de chagrin. D’une trentaine au départ, il n’en reste que quelques-uns (entre quatre et sept selon les sources) sur une quinzaine encore opérationnels aujourd’hui. Remis petit à petit en état, ils sont les témoins bariolés du temps passé et conduisent ceux qui le souhaitent vers les points de vue les plus jolis de la région. Il faut juste ne pas être trop pressé d’y arriver ou d’en rentrer : en travaux ou en panne, ces monuments historiques inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco ont des horaires plutôt flexibles.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 30/4/2020
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