Nike/Adidas, un des autres duels de cette Coupe du Monde 2018

Nike/Adidas, un des autres duels de cette Coupe du Monde 2018
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Lequel des équipementiers remportera le trophée ?

Sur le plan commercial, les deux marques se livrent une bataille acharnée. La marque aux trois bandes allemande semble néanmoins tirer son épingle du jeu et être sacrée championne du monde des équipementiers : sponsor officiel de la Coupe du Monde, Adidas équipera 12 des 32 équipes, contre 2 de moins pour sa concurrente américaine.

Mais malgré des divergences commerciales, elles s’entendent bien plus sur le plan politique et les conditions de travail de leurs salarié(e)s…

Nike battue en finale

Une grande majorité des équipes seront donc habillées par la marque aux trois bandes et à la virgule. Renversement de situation par rapport à la précédente compétition, Nike est battue en finale laissant Adidas soulever la Coupe. Suivent Puma et New Balance qui tentent de se démarquer des autres équipementiers ne comptant dans leur rang qu’une nation (Umbro, Uhlsport, Hummel, Errea).

Nike marque, tout de même, un goal en chaussant environ 60 % des joueurs du Mondial de leurs crampons, selon les estimations de la marque. Avec dans ce domaine un duel au combien contemporain, Lionel Messi conduira le ballon au pied en Adidas et Cristiano Ronaldo en Nike.

Adversaires sur le terrain, copains dans les vestiaires

Selon un rapport du collectif «Éthique sur l’étiquette», intitulé «Anti-Jeu: les sponsors laissent les travailleurs sur la touche», alors qu’elles investissent des sommes toujours plus importantes pour sponsoriser des équipes nationales de football et qu’ils reversent plus de bénéfices à leurs actionnaires, Nike et Adidas imposent parallèlement des conditions de travail toujours plus précaires aux salarié(e)s qui fabriquent leurs produits.

Ainsi, les deux géants du textile ont continué à se désengager de leurs usines en Chine, où les salaires permettaient déjà à peine à une famille de vivre dignement de leur travail, pour s’approvisionner en Indonésie, au Cambodge ou au Vietnam, où les salaires payés sont inférieurs de 45 à 65 % au salaire vital.

Plus concrètement, quand le salaire vital est de 283 dollars par mois au Cambodge, Nike et Adidas proposent à peine 100 dollars mensuels à leurs ouvriers locaux. «Les travailleurs ne touchent que 0,8 euro sur un maillot Adidas de la Coupe du Monde vendu 90 euros, tandis que la marque aux trois bandes empoche environ 18 euros de bénéfice net», rappelle ainsi le CESE (Comité économique et social européen).

«Les travailleurs ne touchent que 0,8 euro sur un maillot […] vendu 90 euros»

Aussi, indique le rapport, si les équipementiers sportifs s’étaient contentés de maintenir les mêmes montants de sponsoring en 2018 qu’en 2015, au lieu de les augmenter fortement, les 226 millions d’euros économisés auraient permis d’assurer un salaire décent à plus d’un million de travailleurs en Asie.

Le rapport pointe les causes de ces choix et ce sont les sommes toujours plus importantes versées aux actionnaires qui sont montrées du doigts. «Si Nike et Adidas avaient décidé de ne pas payer plus de dividendes en 2017 qu’en 2012 – ces derniers ayant alors déjà atteint des niveaux très élevés – les sommes économisées auraient largement permis de couvrir des salaires décents dans leurs principaux pays de production (Chine, Indonésie, Vietnam, Cambodge)», conclut le rapport.

Jérôme Grogna

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