Napoléon, l’art du storytelling
Si nous connaissons tous Napoléon pour ses conquêtes militaires et sa politique, nous savons moins que la postérité de son nom repose également sur les Arts.
Pour le bicentenaire de la mort de l’empereur Napoléon, «Le Doc Stupéfiant» (ce vendredi à 20h55 sur France 5) a choisi de s’intéresser aux relations entre le militaire et les Arts.
Peintres, sculpteurs, architectes, Napoléon est parvenu à enrôler une armée d’artistes pour construire le récit enjolivé de ses conquêtes et de sa gloire. Que reste-t-il aujourd’hui de cette communication rondement menée ?
Exploits romancés
Napoléon Bonaparte, futur empereur des Français, naît en 1769, à Ajaccio. Issu de la petite noblesse corse et ne doutant pas de son destin, il exprime rapidement son envie de conquérir le monde. À peine âgé de 10 ans, il suit déjà une formation militaire. Plus tard, alors qu’il n’est encore qu’un simple soldat, il décide pourtant de poser les bases de sa réputation et de se faire connaître auprès du grand public en utilisant les médias de l’époque.
«Il commence à se mettre en scène lors de la campagne d’Italie (1796-1797). Il publie et diffuse en France ses prouesses, ses conquêtes, ses discours. Et n’hésite pas à subventionner un quotidien, Le Journal de Bonaparte et des hommes vertueux» détaille le magazine Capital.
L’art de la phrase choc
C’est en Égypte que Napoléon va poursuivre son travail de notoriété. Là, il va même jusqu’à maîtriser à la perfection l’art subtil de ce que l’on appelle aujourd’hui la «punchline» ou phrase choc. «Lors de son expédition en Égypte (1798-1799), le général Bonaparte, qui n’est pas encore souverain, va mettre son épopée en scène. Il la raconte sous la forme d’épisodes haletants et glorieux, désireux d’asseoir son image en France pour conquérir le pouvoir», poursuit Capital. «Le 21 juillet 1798, il harangue ses soldats avec des phrases chocs : « Songez que du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent ».»
La fleur au pinceau
Une fois empereur, le vecteur que Napoléon choisit pour consolider son image est artistique. «Architecture, peinture, sculpture et Arts décoratifs entrent alors au service de la gloire de l’Empire», explique Jean-Michel Leniaud, historien de l’art. «Jamais alliance aussi forte n’a été passée entre le pouvoir et le monde de la création.» Les peintres en particulier vont donner de leur personne pour magnifier ce nouvel empereur. «On reprocha l’émergence d’une peinture officielle, entrée dans un système institutionnel bridant toute créativité», explique-t-on sur le site Canal Académie. «Le souci d’informer remplace l’incitation à méditer», complète Jean-Michel Leniaud. Ne prenons pour exemple que «Le Sacre» par David ou les portraits de l’empereur par Gérard et Ingres.
Légion d’honneur
Pour mettre à l’honneur l’élite artistique qui flatte ses traits, Bonaparte crée la Légion d’honneur, en mai 1802. «L’ordre fut surtout l’apanage de l’armée. Cependant, bon nombre d’artistes, que l’empereur, conseillé par Dominique Vivant Denon, le directeur du musée Napoléon (Louvre), savait utiliser pour « magnifier son règne », en furent gratifiés», relate le site l’Histoire par l’image. «Les « légionnaires » devinrent ainsi les intermédiaires entre le pouvoir et l’opinion. Les artistes, surtout les peintres, tinrent avec succès ce rôle nourrissant par l’image la légende napoléonienne.»
Napo Pop’ !
Nos artistes contemporains ont, eux aussi, utilisé le petit caporal comme un sujet de choix. Notamment dans le Septième art où le personnage de Napoléon apparaît ainsi dans environ deux cents films. Ne citons que Marlon Brando dans «Désirée», en 1954, Pierre Mondy dans «Austerlitz», en 1960, et Christian Clavier dans la mini-série «Napoléon», en 2002.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 15/04/2021
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