Napoléon III, le Premier sera le Dernier

En orchestrant un coup d’État en vue d’anéantir la toute jeune seconde République et en s’autoproclamant Napoléon III, Louis-Napoléon Bonaparte aura marqué l’histoire de la France à plus d’un titre. Ce mercredi à 21h10 sur France 3, «Secrets d’Histoire» revient sur son destin.

Louis-Napoléon, troisième fils de Louis Bonaparte et neveu de l’illustre Napoléon Ier , grandit dans le culte de son oncle. Le trône impérial laissé vacant par la mort précoce de son jeune cousin Napoléon II, l’Aiglon, en 1832, Louis-Napoléon se considère alors comme l’héritier légitime.

Ambition dévorante

1836, Louis-Napoléon a 28 ans. Avec toute la fougue de sa jeunesse, il décide de se lancer dans la conquête de ce pouvoir auquel il rêve depuis toujours. À Strasbourg, il tente une première fois de renverser Louis-Philippe Ier , dernier roi des Français.

L’échec est cuisant, Louis-Napoléon part pour l’Amérique, puis l’Angleterre. En 1840, le feu de l’ambition est ravivé par le transfert des cendres de son Empereur d’oncle, de Sainte-Hélène à Paris. L’événement donne lieu à une cérémonie populaire grandiose. Voyant cette ferveur renouvelée pour l’Empereur, Louis-Napoléon décide de surfer sur la vague et entreprend une deuxième tentative, avec une soixantaine de conspirateurs. «Il traverse la Manche le 5 août 1840, se dirige vers une caserne et prononce un discours devant les soldats et les badauds médusés ! Arrive un capitaine. La détermination des conspirateurs flanche. Le prince tire un coup de pistolet et blesse un grenadier avant d’être arrêté», relate le site Hérodote.

Condamné à la perpétuité, l’héritier est enfermé au fort de Ham, dans la Somme, où sa détention est néanmoins douillette. En 1846, il profite de travaux effectués au fort pour revêtir les vêtements d’un maçon. Et, le visage couvert de cirage, il parvient à s’évader pour rejoindre, à nouveau, l’Angleterre.

Chaos profitable

Février 1848. Louis-Napoléon suit de près les émeutes qui agitent la France, et qui mèneront à la Révolution. L’opposition libérale obtient le départ de Louis-Philippe Ier , c’est la fin de la «Monarchie de juillet» (1830-1848) et le début de la IIe République. Louis-Napoléon le sent, c’est le moment d’en profiter pour rentrer au pays.

Il se présente à l’élection présidentielle du 10 décembre et, à la surprise générale, est élu ! En 1851, alors que le terme de son mandat approche, les députés ne sont pas enthousiastes à l’idée de le voir briguer un second. «Qu’à cela ne tienne, le 2 décembre 1851, il organise un coup d’État qui renverse la IIe République et, un an plus tard, instaure officiellement le Second Empire.»

Empereur socialiste ?

Enfin pleinement aux manettes, s’il est un despote d’un point de vue politique, Napoléon III n’en demeure pas moins un visionnaire, notamment d’un point de vue économique et social. Ainsi, la IIe République et le Second Empire sont marqués par des avancées majeures concernant, par exemple, les retraites et le droit de grève.

De là à parler d’un Empereur de gauche ? «Louis-Napoléon Bonaparte n’était pas socialiste au sens moderne du terme, même si on a pu le désigner ainsi à l’époque», nuance Gérard Unger, auteur du «Second Empire» (Éd. Perrin), interrogé par GEO. «En revanche, il avait des idées sociales réelles, au sens où il était conscient de la misère ouvrière.»

Désastre de Sedan

La gouvernance absolue de Napoléon III au niveau de la politique intérieure finit néanmoins par irriter. Devant le mécontentement qui gronde, il libéralise le régime en imaginant un Empire parlementaire et désigne Émile Ollivier comme Premier ministre, en janvier 1870. Mais, hors des frontières françaises, Napoléon III voit sa déroute se profiler. «La guerre contre la Prusse, déclarée le 9 juillet 1870 «le cœur léger», débouche sur la capitulation de Sedan le 2 septembre», explique Le Larousse. Fait prisonnier, l’Empereur est déclaré déchu le 4 septembre 1870 et emmené en captivité en Allemagne. Puis exilé en Angleterre en mars 1871. Il y meurt le 9 janvier 1873.

Cet article est paru dans le Télépro du 16/11/2023