Nage avec… les éléphants !
Direction le golfe de Bengale et son archipel d’Andaman. Au cœur de cet ensemble d’îles existe un phénomène unique au monde : des éléphants nageurs. Ce mardi à 12h05, Arte diffuse le documentaire «L’Énigme des éléphants d’Andaman».
L’archipel d’Andaman, situé dans l’océan Indien, est un petit bijou terrestre relativement méconnu et épargné par notre civilisation. Sur les quelques 550 îles qui le composent seules 26 sont habitées. Résultats, la forêt tropicale qui recouvre encore la majeure partie des lieux est luxuriante et le récif coralien intact. Embarquons pour ce paradis perdu.
Pachyderme de mer
Au XIXe siècle, lorsque les navigateurs européens accostent sur le paradisiaque archipel des Andaman, recouvert de forêts tropicales et bordé de plages sublimes, ils sont surpris de n’y voir aucun éléphant. À l’époque, ils sont pourtant présents dans de proches contrées, comme au Sri Lanka, à Sumatra et à Bornéo. Pourtant, deux siècles plus tard, quelques hordes de pachydermes sauvages peuplent une partie des îles de l’archipel. Plus surprenant encore, les éléphants d’Andaman sont capables de parcourir au moins trois kilomètres à la nage en utilisant leur trompe comme tuba. Un comportement intriguant et unique au monde…
Forçats des bassins
Forcément, face à l’apparente appétence du grand animal pour l’eau, une légende a rapidement vu le jour : ces derniers auraient tout simplement rejoint Andaman à la nage, naviguant à la force de leurs énormes pattes, d’île en île. La réalité est malheureusement moins romanesque. Si la plupart des mammifères ont la capacité de nager, ils craignent en général l’eau et ne s’y risquent presque jamais spontanément. «Les pachydermes furent importés sur l’archipel par les Anglais, et dressés à la dure pour nager. Utilisés dans les exploitations forestières, ils ne pouvaient, vu leur poids variant de 3 à 5 tonnes, monter sur les petites embarcations pour passer d’un îlot à l’autre. On les faisait donc nager à côté du bateau…», détaille le Routard. «Comme les éléphants et les chiens, les nombreuses vaches que l’on croise au détour des champs ont été introduites ici par l’Homme, elles ne sont pas tombées du ciel !» Depuis près de vingt ans, les forêts tropicales sont protégées sur l’archipel et leur exploitation interdite. Les pachydermes nageurs peuvent donc profiter d’une retraite bien méritée.
Histoire mouvementée
Outre sa population d’éléphants aquatiques, Andaman possède aussi une histoire à part entière. En 1789, les Britanniques, à la recherche d’un lieu de déportation pour caser leurs prisonniers politiques, achètent l’archipel qui appartient alors à la Couronne danoise. À la fin du XVIIIe siècle, ils y construisent le plus grand bagne politique au monde. Durant la Seconde Guerre mondiale, ce sont les troupes japonaises qui occupent les lieux. Après le conflit, les îles de l’archipel se retrouvent à nouveau sous contrôle britannique pendant deux ans, pour finalement intégrer définitivement le nouvel État indien, en 1947.
Terre des Sentinelles
Les îles d’Andaman sont encore habitées par des tribus vierges de presque tous contacts avec notre civilisation moderne, comme les Sentinelles, peuple considéré comme le plus isolé du monde, dont la population est estimée entre 50 et 200 individus. Lors du séisme du 26 décembre 2004 et du tsunami qui a suivi dans l’océan Indien, 7.000 personnes des îles Andaman-et-Nicobar ont trouvé la mort. Les autorités ont longtemps pensé que l’événement avait eu raison de la survie des tribus isolées, mais ces dernières n’ont heureusement pas péri. D’après les sources du gouvernement, les autochtones ont perçu dans les cris des animaux et le retrait soudain et intense de l’océan, qu’un grand danger se préparait. La plupart d’entre eux, à l’instar du peuple Jarawa, se sont enfuis et réfugiés sur les hauteurs de l’île.
Cet article est paru dans le Télépro du 21/12/2023
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici