Mythe : la règle de Troie
L’histoire du cheval de Troie habite les imaginaires depuis des millénaires. Mais ce fameux cheval a-t-il existé ?
C’est le stratagème le plus fameux de l’Histoire : le cheval de Troie. Voilà des millénaires que ce récit, venu de la Grèce antique, fascine l’humanité. Mais où s’arrête le mythe ? Où commence la vérité ? Réponses, ce samedi à 20h50 sur Arte, avec le documentaire «L’Énigme du cheval de Troie».
Un cadeau empoisonné
C’est sous la plume d’Homère qu’on découvre cette histoire… Tout commence lorsque Pâris enlève la belle Hélène dont il est éperdument amoureux. Pâris est le fils de Priam, roi de Troie. Hélène est l’épouse de Ménélas, roi de Sparte.
Pour défendre son honneur, Ménélas ligue les rois grecs, monte une armada de 1.200 navires et met le cap sur Troie. Mais la ville, érigée sur les hauteurs d’une colline, est puissamment fortifiée. Durant dix ans, Troie semble imprenable. Les Grecs, épuisés, sont prêts à s’avouer vaincus.
C’est alors qu’Ulysse imagine un stratagème : construire un immense cheval en bois et s’installer à l’intérieur avec ses meilleurs guerriers. Les Grecs laissent le cheval sur la plage et font mine de s’en aller. Les Troyens imaginent que c’est un cadeau de leur ennemi vaincu à Athéna, déesse de la guerre. Fiers de leur victoire, ils introduisent donc le cheval dans la ville. À la nuit tombée, Ulysse sort du cheval, ouvre les portes de la cité et permet à l’armée grecque d’enfin entrer dans Troie…
La Belle Hélène
L’histoire du cheval de Troie est l’un des récits fondateurs de la culture européenne. On la retrouve partout : des écrits de Virgile au cinéma hollywoodien, avec Orlando Bloom dans le rôle de Pâris et Diane Kruger dans celui d’Hélène. Dès l’Antiquité, la guerre de Troie a inspiré Sophocle ou Euripide. Un millénaire plus tard, à l’époque classique, c’est Racine qui s’en empare pour écrire «Andromaque» et «Iphigénie».
Au XIXe siècle, dans un tout autre style, Offenbach fait de «La Belle Hélène» un opéra-bouffe. Et au XXe siècle, on retient «La Guerre de Troie n’aura pas lieu» : la pièce de Jean Giraudoux, créée par Louis Jouvet en 1935, qui pressent l’inéluctabilité de la Seconde Guerre mondiale… Mais quelle est la part du mythe et la part de vérité dans toute cette histoire ?
De nouvelles hypothèses
La ville de Troie a bien existé. Ses vestiges ont été retrouvés dans l’actuelle Turquie, au bord du détroit des Dardanelles. C’était effectivement une ville fortifiée en hauteur, imprenable avec les moyens de l’époque. La guerre entre Grecs et Troyens a sans doute eu lieu. Mais la ruse du cheval a-t-elle existé ? Homère est le premier à mettre cette histoire par écrit. Mais autant il est précis sur des tas de choses, autant il est imprécis sur ce fameux cheval ! Il évoque juste un «dourateos hippos», un cheval en bois.
Aujourd’hui, historiens et archéologues élaborent de nouvelles hypothèses. Et s’il s’agissait simplement d’un bateau dont l’extrémité est ornée d’une tête de cheval, comme en construisaient les Phéniciens ? L’un des plus grands mythes de l’histoire de l’humanité est peut-être sur le point de s’effondrer.
D’Homère aux cybercriminels
Le mythe antique a infiltré jusqu’à la société numérique. Les informaticiens du XXIe siècle craignent tous le «Trojan horse» (cheval de Troie, en anglais). Il s’agit d’un logiciel apparemment anodin, mais qui contient un autre logiciel susceptible de pirater les ordinateurs. Entreprises ou particuliers, personne n’est à l’abri. Mais ces derniers temps, ce sont les hôpitaux qui ont été particulièrement exposés. En cette période de crise, ils apparaissent comme des cibles de choix pour les cybercriminels. Une fois le Trojan horse introduit, le système informatique est bloqué, rendant totalement impossible la vie de l’hôpital. Les escrocs espèrent alors qu’on leur paie une belle somme pour que tout rentre dans l’ordre…
Cet article est paru dans le Télépro du 25/3/2021
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